Villes et territoires durables #6. Notre série en partenariat avec le Sommet Afrique-France 2020.
Le moteur solaire de Saurea pourrait bien changer la donne pour l’agriculture zambienne. Le secteur ne produit que 20 % du PIB, et pourtant 85 % de la population y travaille. Une faible productivité qui s’explique en partie par la faible pluviométrie (car la sècheresse dure la moitié de l’année) et un déficit énergétique, notamment en zone rurale, où l’accès à l’électricité est de 5 %.
C’est dans ce contexte que le moteur solaire créé par la start-up française Saurea, pourrait trouver son marché. L’objet ressemble à une soucoupe volante de 70 cm de diamètre, dont l’axe se met à tourner quand on l’expose au soleil. Cette innovation, réalisée sans électronique de conversion (donc sans onduleur par exemple), devrait fonctionner 20 ans sans aucune maintenance. Elle trouve son usage entre autres, dans le pompage de l’eau dans des sites isolés. « L’idée première est de motoriser des pompes manuelles existantes, pour la consommation humaine ou l’irrigation, en particulier dans des zones énergétiquement isolées », explique Isabelle Gallet-Coty, présidente de l’entreprise.
Le moteur solaire de Saurea gagne progressivement sur le marché africain
Saurea a lancé la commercialisation de son moteur solaire en 2019, au prix unitaire de 3 639 euros. Sur son site, l’entreprise indique avoir vendu un exemplaire en Zambie. Celui-ci sera installé sur un démonstrateur de pompe dans un centre construit par une communauté religieuse. Quatre appareils ont aussi été vendus à un fabricant de pompes d’Avignon (ville du sud de la France), qui travaille à adapter le moteur à ses propres pompes manuelles développées pour l’Afrique, où certaines zones n’ont pas accès au courant électrique.
Les moteurs solaires de Saurea opèrent ainsi une percée progressive en Afrique, où le taux d’électrification reste très faible. Selon la Banque Mondiale, plus de 640 millions d’Africains n’ont pas accès à l’énergie, ce qui correspond à un taux d’accès légèrement supérieur à 40 %, le niveau le plus faible au monde. La consommation d’électricité par habitant en Afrique subsaharienne (Afrique du Sud exclue) est ainsi de 180 kWh, contre 13 000 kWh par habitant aux États-Unis et 6500 kWh en Europe.
Boris Ngounou