Les femmes ont 14 fois plus de risques de mourir d’une catastrophe climatique que les hommes. Cette constatation, faite par ONU Femmes, reflète la reconnaissance croissante du fait que les effets néfastes des catastrophes naturelles touchent les groupes marginalisés, notamment les femmes et les enfants, de manière disproportionnée.
La raison est simple. Les femmes africaines, en particulier en milieu rural, sont les piliers des communautés, assumant des responsabilités domestiques et économiques cruciales. Cependant, la raréfaction des ressources naturelles et les chocs climatiques accroissent leur vulnérabilité. En Éthiopie où la pire des sécheresses sévit depuis près de 40 ans, des milliers de filles ont été contraintes d’abandonner l’école pour supporter la charge accrue des tâches ménagères et agricoles. Elles subissent les pertes de revenus dues à la baisse de la productivité agricole et parcourent de plus longues distances pour accéder à l’eau, tandis que les hommes et les adolescents migrent vers les centres urbains à la recherche d’un emploi.
La situation est la même en Afrique de l’Ouest et du Centre, où les femmes sont en première ligne de ces effets du changement climatique. À en croire les analyses d’impacts du changement climatique, rapportées par AfricaInteract, une augmentation de la température de 2% est susceptible d’engendrer la disparition de 10 à 15% des espèces en Afrique de l’Ouest, et affecterait la production agricole à hauteur de 30%, un secteur qui emploie 60 % de la population active.
La femme, la clé de l’avenir de l’action climatique en Afrique
En cette journée de la femme, il est essentiel de reconnaître les défis auxquels sont confrontées les femmes africaines dans le contexte du changement climatique, tout en célébrant leur rôle central dans la recherche de solutions durables. Car elles apportent des connaissances et des compétences efficaces. Dans les zones rurales, les femmes, souvent chargées de l’approvisionnement en eau familial, possèdent une expertise précieuse sur les régimes pluviométriques et les pratiques de conservation de l’eau. C’est fort de ce constat que l’implication des femmes dans l’élaboration de stratégies d’adaptation efficaces est devenue une priorité dans de nombreux pays africains.
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En août 2023, 40 des 41 pays africains ayant actualisé leurs contributions déterminées au niveau national (CDN) ont intégré des considérations de genre, avec 25 pays axant des actions sur l’adaptation et 12 sur l’atténuation. Des avancées notables ont été réalisées, notamment au Nigeria, où la Politique nationale sur l’égalité des sexes a été révisée et adopté un Plan national d’action sur le lien entre genre et changement climatique adopté en 2022. De même, le Malawi a mis en place un Comité technique national sur le changement climatique, avec la représentation du ministère du Genre, du Développement communautaire et de la Sécurité sociale, renforçant ainsi ses cadres politiques et institutionnels pour une action climatique plus inclusive.
Boris Ngounou