L’Afrique est confrontée à un défi énergétique majeur dans un contexte marqué par une croissance économique parfois accompagné d’une industrialisation émergente. Les grands projets électriques sont destinés aux grandes villes, où se concentrent les populations et les entreprises, au détriment des personnes vivant dans les zones reculées. Mais une solution s’offre à l’Afrique pour l’électrification de ces zones rurales : les mini-grids, solaires notamment.
Ils ont actuellement le vent en poupe sur le vieux continent. Il s’agit particulièrement des petites centrales solaires hors réseau, conteneurisées ou non, et des kits solaires à domicile. Mais le déploiement de cette solution rapide et moins coûteuse est confronté à un problème de financement si l’on veut passer à la vitesse supérieure. Et cette question cruciale est à l’ordre du jour de l’Africa Energy Forum qui se tient du mardi 11 au vendredi 14 juin 2019 à Lisbonne, la capitale du Portugal. En prélude à cet important évènement, un groupe d’investisseur a lancé un appel en faveur de la création d’un mécanisme de financement basé sur les résultats (FBR) pour soutenir le déploiement des mini-grids en Afrique.
L’importance de l’initiative
Les entreprises et fonds d’investissement, signataires de ce document, ont en commun leur implication sur le continent africain, capables de mobiliser ensemble jusqu’à 2 milliards de dollars dans le déploiement des mini-grids : Acumen, Blue Haven Initiative, Ceniarth, CrossBoundary Energy Access, DOB Equity, Engie Powercorner, Hoegh Capital Partners, KawiSafi Ventures, Renewable Energy Performance Platform (REPP), responsAbility, SunFunder et Triodos Investment Management.
« Nous pensons que les mini-grids ont un rôle à jouer dans l’accès universel à l’électricité, et nous disposons du type de capitaux nécessaires au financement de ces mini-grids, ainsi que de cadres réglementaires régionaux bien conçus […] Nous encourageons donc vivement les donateurs et les gouvernements à soutenir les programmes efficaces de FBR qui subventionnent l’accès à l’électricité en milieu rural », ont expliqué les investisseurs dans un document commun baptisé Unlock Private Capital for Mini-Grids in Africa.
Une nécessité…
Concrètement, les entreprises et les fonds d’investissement, spécialisés dans le solaire, appellent les gouvernements, et autres investisseurs privés, à investir massivement dans les mini-grids à travers des programmes de subventions impliquant des mécanismes de FBR à l’échelle du continent africain. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), il faudrait installer au moins 200 000 mini-grids pour fournir de l’électricité aux 450 millions de personnes qui n’y ont toujours pas accès, dont une grande partie se situe en Afrique.
En attendant que cet appel soit entendu, sur place en Afrique, certains gouvernements militent déjà fortement en faveur de l’électrification par mini-grids solaires. C’est le cas de la Namibie qui s’appuie sur l’entreprise française Engie pour fournir de l’électricité dans les zones rurales, grâce aux mini-grids solaires conteneurisés. Le Togo quant à lui mise sur les kits solaires à domicile avec son projet « Cizo ». Le gouvernement de ce pays d’Afrique de l’Ouest subventionne d’ailleurs l’installation des kits solaires. Les entreprises Bboxx et Soleva se sont déjà lancées à la conquête de ce marché.
Jean Marie Takouleu