Au moins 15 banques viennent d’intégrer le Partnership for Biodiversity Accounting Financials (PBAF) lancé par ASN Bank, ACTIAM, la Société néerlandaise de financement du développement (FMO), Robeco, Triodos Bank et Triple Jump. Le but de ce partenariat est de mesurer et de rendre compte de l’impact des investissements des institutions financières sur la biodiversité dans le monde. Parmi les nouveaux membres du PBAF, certains ont des actifs en Afrique.
Parmi les nouveaux membres du Partnership for Biodiversity Accounting Financials (PBAF) figurent ABN AMRO Bank, APG, Achmea Investment Management, a. s.r. vermogensbeheer, BNP Paribas, Volksbank, Finance in Motion, FirstRand Group, NN Investment Partners, NWB Bank, Piraeus Financial Holdings, Rabobank, Rathbone Greenbank Investments, UFF African Agri Investments et Van Lanschot Kempen.
Le but du partenariat dans lequel s’engagent ces institutions financières est de mesurer et rendre compte de l’impact de leurs investissements sur la biodiversité. À ce titre, le PBAF, à travers ses rapports, incite à la réduction des investissements à fort impact sur l’environnement. Ces investissements sont répertoriés particulièrement dans le secteur agricole, notamment dans des cultures de rente comme le cacao, les palmiers à huile, l’hévéa, etc.
Une démarche nécessaire…
Ces cultures détruisent les forêts du bassin du Congo et dévastent les végétations vierges en Afrique de l’Ouest, principalement en Côte d’Ivoire et au Ghana. À cela s’ajoutent les activités minières qui causent la pollution des plans d’eau et accélèrent la dégradation des écosystèmes. L’enjeu est donc de taille pour ces institutions financières poussées par le profit, dans un contexte mondial marqué par une prise de conscience, de plus en plus importante de la dégradation de la biodiversité.
Lire aussi- L’Afrique n’échappe pas à l’accélération de l’érosion mondiale de la biodiversité !
« Un nombre croissant de banques et de compagnies d’assurance se rendent compte que la perte de la biodiversité constitue une menace majeure pour la société et l’économie, et qu’il faut agir maintenant. Grâce à nos prêts et à nos investissements, nous pouvons limiter les dommages causés aux écosystèmes et contribuer à la protection et à la restauration de la nature. Pour ce faire, nous devons adopter une approche commune pour mesurer notre impact et utiliser les données, comme nous l’avons fait auparavant dans le cadre du débat sur le climat », affirme Roel Nozeman, le conseiller principal en biodiversité chez ASN Bank et président du PBAF.
La pression des ONG
Lancé en 2019, le PBAF a déjà publié un premier rapport en 2020 baptisé « Common Ground », lors d’une convention des Nations unies sur la biodiversité. Le rapport 2021 devrait présenter des mesures communes pour atténuer l’impact des investissements des membres du partenariat sur la biodiversité. Le PBAF prévoit ainsi de former plusieurs groupes de travail qui se pencheront sur plusieurs questions, notamment l’impact des investissements du secteur agricole sur la biodiversité, l’impact de l’investissement en action sur la biodiversité, ainsi que l’impact de l’agroforesterie, de la foresterie sur la biodiversité et la restauration des écosystèmes.
L’action commune de ces banques est aussi incitée par les organisations non gouvernementales (ONG). Car, les investissements de ces institutions financières sont souvent dénoncés par les ONG, à l’instar de GreenPeace. Récemment, cette organisation de défense de l’environnement a épinglé la Deutsche Bank pour le financement d’un projet agricole devant aboutir à la destruction de 10 000 hectares de forêt au sud du Cameroun. La banque allemande a ainsi décidé de financer une concession accordée par les autorités camerounaises à Sudcam Hevea. La filiale locale du géant singapourien du caoutchouc Halcyon Agri veut raser la forêt équatoriale pour aménager une vaste plantation d’hévéa.
Jean Marie Takouleu