Le financement climatique devrait être multiplié par neuf en Afrique. C’est le principal enseignement d’un rapport publié récemment par le Climate Policy Initiative, un groupe de recherche indépendant basé à San Francisco aux États unis d’Amérique. Ce rapport est le résultat d’une étude commandée par Financial Sector Deepening Africa (FSD Africa), la Fondation du Fonds d’investissement pour les enfants et UK Aid.
Selon le rapport, il faudra au moins 277 milliards de dollars de financement par an pour permettre aux pays africains de mettre en œuvre leurs contributions déterminées au niveau national (CDN). En 2020, l’Afrique n’a reçu que 30 milliards de dollars de financement climatique dont 50 % alloué à 10 pays. Il s’agit de l’Égypte, du Maroc, du Nigeria, du Kenya, de l’Éthiopie et de l’Afrique du Sud.
Le déficit de financement du secteur privé
Pourtant, l’ensemble du continent africain est affecté par les effets du changement climatique, notamment la Corne de l’Afrique où des millions de personnes ont perdu leurs moyens de subsistance à cause de la sécheresse qui devrait d’ailleurs se prolonger pour la quatrième année consécutive, selon l’Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad). « Cet écart est probablement encore plus important. Les pays sous-estiment souvent leurs objectifs de financement climatique, notamment en ce qui concerne l’adaptation, en raison de problèmes de données et de méthodologie dans l’évaluation du coût de leurs CDN », indique FSD.
Lire aussi: AFRIQUE : trois pays veulent renforcer leurs actions climatiques
Dans le financement de 30 milliards de dollars obtenu par l’Afrique en 2020, 49 % étaient destinés à l’atténuation des effets du changement climatique, soit 14,6 milliards de dollars. L’adaptation n’a capté que 39 % du financement, soit 11,4 milliards de dollars, et 12 % (3,5 milliards de dollars) vers les avantages doubles.
Accélérer les investissements dans les énergies renouvelables
Le rapport souligne également l’absence de financement du secteur privé qui n’a contribué qu’à hauteur de 14 % (4,2 milliards de dollars), soit beaucoup moins que dans d’autres régions comme l’Asie du Sud (37 %), l’Asie de l’Est et le Pacifique (39 %), et l’Amérique latine et les Caraïbes (49 %). Le rapport recommande la multiplication des investissements dans les énergies renouvelables, car « il existe un énorme potentiel pour traduire les besoins énergétiques durables de l’Afrique en opportunités d’investissement et réduire les investissements dans les combustibles fossiles », indique FSD. Et selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), l’Afrique aura besoin annuellement de 144 milliards de dollars pour répondre à ses objectifs énergétiques et climatiques entre 2026 et 2030.
Actuellement, l’Afrique enregistre 9,4 milliards de dollars par an dans les énergies renouvelables, surtout pour l’alimentation des clients commerciaux et industriels (C&I). Toutes les recommandations contenues dans le rapport de la Climate Policy Initiative devraient aiguiser l’argumentaire des négociateurs africains qui participeront à la 27e conférence des Nations unies sur le climat (COP27) qui se tient du 7 au 18 novembre 2022 à Charm el Cheikh en Égypte.
Jean Marie Takouleu