Agissant à contrecourant de plusieurs entreprises spécialisées dans la production de l’eau potable en Afrique subsaharienne, la société suisse 3 P Renewables Switzerland (3PRS) mise sur les partenariats public-privé (PPP) et vient d’obtenir une concession au Congo. La société qui s’appuie sur les énergies renouvelables pour la production de l’eau potable vient également de formuler une offre similaire pour la desserte de plusieurs villes en Guinée.
Bonne nouvelle pour 3 P Renewables Switzerland (3PRS). L’entreprise basée à Martigny en Suisse s’est vue attribuer le contrat de concession pour la production de l’eau potable dans le cadre d’un BOOT (construire, posséder, exploiter et transférer), une forme de partenariat public-privé (PPP). Le contrat négocié depuis février 2021 porte sur le développement, le financement et la construction d’infrastructures de production d’eau potable pour la desserte de la ville de Pointe-Noire au Congo.
3PRS lance 3PRS Congo Pointe-Noire, une entreprise à finalité spécifique qui a signé un contrat d’achat d’eau potable (CAE) avec La Congolaise des eaux des eaux (LCDE). Dans le cadre de ce partenariat d’une durée de 22,5 ans, 3PRS construira deux stations compactes capables de fournir 30 000 m3 d’eau potable par jour, soit une capacité annuelle de 10,9 millions de m3. L’eau ainsi traitée sera pompée du lac Gambouissi située dans le département de Pointe-Noire.
Le soutien de la SFI
Ces infrastructures de production seront soutenues par trois réservoirs de stockage d’eau potable d’une capacité totale de 4 500 m3. Le contrat porte également sur la réhabilitation d’un réservoir de 5000 m3, ainsi que la pose de 460 km de canalisations pour l’extension des réseaux primaire, secondaire et tertiaire. Cette eau potable sera vendue au m3 à la LCDE, l’entreprise qui assure le service public de l’eau potable au Congo.
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Dans le même temps, 3PRS développe un autre PPP dans la ville de Dolisie. L’entreprise suisse table sur une capacité de production de 15 000 m3 devant permettre le renforcement de l’approvisionnement en eau potable dans cette ville de plus de 200 000 habitants située au sud du Congo. L’eau traitée sera issue de la rivière Loubomo. La signature du contrat de concession et du contrat d’achat d’eau devrait intervenir en mars 2023.
Des investissements prévus en Guinée
Dans le cadre de ces deux PPP au Congo, 3PRS vient d’obtenir le soutien de la Société financière internationale (SFI), la filiale du groupe de la Banque mondiale qui devrait intervenir dans la clôture financière. L’entreprise poursuit le déploiement de ses activités en Afrique subsaharienne par la Guinée. Dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, 3PRS veut contribuer au renforcement de l’offre en matière de production d’eau potable dans les principales villes de guinéennes à l’instar de Kankan, Siguiri, Boffa, Boke, Labe, N’Zérékoré, Faranah, Kindia, Mamou et Kouroussa.
À l’issue d’une mission commandée par les autorités guinéennes, l’entreprise a formulé plusieurs propositions de PPP, avec des durées allant de 15 à 20 ans, ainsi que des CAE avec la Société des eaux de Guinée (SEG). Selon la Banque mondiale, le déficit en eau potable des villes de Kankan, Siguiri, Boffa, Boke, Labe, N’Zérékoré, Faranah, Kindia, Mamou et Kouroussa est estimé à 240 000 m3 par jour, avec une population estimée à 4 millions d’habitants. 3PRS veut répondre à ce défi en installant des systèmes compacts d’une capacité allant de 1 000 à 5 000 m3 par heure. Pour toutes ces installations, l’entreprise suisse compte gagner en autonomie vis-à-vis du réseau électricité guinéen en les équipant de systèmes solaires hybrides.
Le PPP n’est certes pas très courant dans le secteur de l’eau en Afrique. Mais ce modèle de financement des infrastructures est testé depuis quelques années au Rwanda. Dans le cadre d’un PPP à Kigali, la multinationale émirienne Metito a créé Kigali Water Limited (KWL) pour la construction d’une usine d’eau potable de 40 000 m3 par jour, soit le tiers du volume total d’eau potable distribuée dans cette ville peuplée de 1,8 million d’habitants.
Jean Marie Takouleu
