Il faudra investir 8 milliards de dollars par an jusqu’en 2030 pour l’accès universel à la cuisson propre dans le monde. Selon un rapport publié par la Banque africaine de développement (BAD) et l’Agence internationale de l’énergie (AIE), 2,5 milliards de personnes cuisinent encore au feu de bois dans le monde, dont une bonne partie en Afrique au sud du Sahara.
L’accès à la cuisson propre est impératif pour l’atteinte des objectifs de développement (ODD) préconisés par l’Organisation des Nations unies (ONU) d’ici à 2030. Cette situation concerne au moins 2,5 millions de personnes qui cuisinent encore au feu de bois ou se servent d’autres combustibles comme le charbon de bois, les déchets agricoles ou les fientes d’animaux pour la cuisson de leurs aliments. Pourtant, les gaz émis lors de la combustion sont à l’origine de nombreux problèmes de santé en Afrique au sud du Sahara.
Selon le rapport, la pollution de l’air due à ces méthodes de cuisson rudimentaires est à l’origine de 3,7 millions de décès prématurés par an, ce qui en fait la troisième cause de mortalité prématurée dans le monde. Et malgré cette situation, « la cuisson propre est un sujet qui fait rarement la une des journaux ou qui est rarement inscrit à l’ordre du jour politique », déplore le directeur exécutif de l’AIE. Selon Fatih Birol, il s’agit d’une pierre angulaire des efforts mondiaux visant à améliorer l’accès à l’énergie, l’égalité des sexes, le développement économique et la dignité humaine.
L’accès universel à la cuisson propre d’ici à 2030 ?
« Le manque d’accès à la cuisson propre a un impact négatif sur la santé publique, perpétue la déforestation et augmente les émissions de gaz à effet de serre (GES). L’accès universel à l’énergie moderne d’ici à 2030 est impératif et nécessite des approches qui changent la donne », affirme Akinwumi Adesina, le président du groupe de la Banque africaine de développement (BAD) qui cosigne le rapport « Une vision de l’accès à la cuisson propre pour tous » avec l’AIE.
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La donne peut changer. Pour cela, il faudra investir 8 milliards de dollars par an dans des solutions alternatives d’ici à 2030. Il s’agit de fourneaux améliorés, mais aussi les énergies moins polluantes telles que le biogaz, produit à partir de la fermentation des déchets organiques, et dans une certaine mesure le gaz de pétrole liquéfié (GPL). En Afrique de l’Est, principalement au Kenya et au Rwanda, la société Koko Networks distribue du bioéthanol. Également utilisé dans les voitures à essence, ce biocarburant est fabriqué à partir de matière première végétale, notamment le blé, le maïs ou la betterave.
Des solutions existent !
Selon les spécialistes, l’utilisation du bioéthanol présente quelques avantages pour l’environnement. Car, les betteraves et les céréales absorbent le CO2 de l’atmosphère en quantité importante, lors de leur croissance grâce à la photosynthèse. Elles sont ensuite transformées pour produire du bioéthanol. Le CO2 rejeté lors de sa combustion correspond au CO2 absorbé lors de la croissance de la biomasse. Outre la déforestation, les avantages en termes d’égalité des sexes, de santé et de gain de temps d’un accès universel à la cuisson propre seraient immenses.
Le rapport constate, par exemple, que les décès prématurés dus à la mauvaise qualité de l’air intérieur diminueraient de 2,5 millions par an. Le ménage moyen gagnerait au moins 1,5 heure par jour, ce qui libérerait du temps pour d’autres activités telles que l’éducation ou le travail, en particulier pour les femmes. Si l’objectif de 8 milliards de dollars est adopté, 300 millions de personnes (dont plus de la moitié en Afrique subsaharienne) devraient avoir accès à la cuisson propre d’ici à 2030.
Jean Marie Takouleu
