Le premier facteur de l’épanouissement du solaire en Afrique est tout d’abord économique. Les prix des matériaux sont en baisse sur le marché. Selon le « Solar PV in Africa : costs and market », un rapport publié le 22 septembre 2016 par l’Agence internationale de l’énergie renouvelable (Irena), il y aurait un lien de causalité entre la baisse des coûts d’installation des technologies solaires et l’expansion du photovoltaïque sur le continent. En effet, le tarif de l’électricité photovoltaïque ne cesse de baisser depuis 2012. Dans les pays tels que le Maroc, l’Afrique du Sud et le Sénégal, le coût de l’énergie solaire est déjà inférieur à celui du charbon et du gaz. Les coûts d’investissement dans les grandes centrales photovoltaïques en Afrique ont diminué de 61 % de 2009 à 2015. A en croire l’Irena, les investissements dans les parcs solaires en Afrique atteindraient actuellement près de 1,3 million de dollars par MW installé, contre une moyenne mondiale de 1,8 million de $/MW installés. L’Agence envisage une nouvelle baisse de 59 % de ces coûts durant la décennie à venir. Ce qui permettra au continent d’atteindre la capacité photovoltaïque 70 GW d’ici à 2030.
Le soleil : disponible en abondance
Sur la carte solaire du monde, l’Afrique reçoit beaucoup plus de temps d’ensoleillement au cours de l’année que tout autre continent de la Terre. Tous les endroits les plus ensoleillés de la planète se trouvent en Afrique. Le continent est dominé par un intéressant ciel surtout au niveau des déserts (ex. : Sahara, Namib, Kalahari). Le Sahara oriental en Afrique du Nord est particulièrement connu pour ses records d’ensoleillement avec un maximum enregistré de 220 kcal / cm².
Avec plus de 85 % du paysage du continent recevant une irradiation horizontale solaire globale de 2000 kWh / (m² an), l’Afrique possède en outre, des réserves théoriques d’énergie solaire estimées à 60 000 000 TWh / an, soit 40 % du total mondial, ce qui en fait le continent le plus riche en énergie solaire dans le monde.
Une aubaine pour le développement économique
Ajoutez à cela le prix très élevé que paie le consommateur africain pour son électricité, près de trois fois celui payé en Asie, et quasiment égal au tarif européen, et l’on comprend mieux l’intérêt d’investir en Afrique, où le mobile banking (inventé sur le continent) facilite aujourd’hui le paiement de sa facture d’électricité.
Les dispositions économiques, géographiques et climatiques, favorables à l’essor de l’énergie solaire en Afrique, donnent ainsi la possibilité aux Etats de se développer grâce à une énergie très abordable, à faible émission de carbone. Cela représente par ailleurs une réelle solution aux problèmes d’énergie électrique rencontrés par les entreprises. D’après une étude réalisée par l’institut français des relations internationales (Ifri), Plus de 30 pays africains subissaient en 2011, de graves crises d’énergie. Les temps de coupures de courant signalés par les entreprises manufacturières de ces pays équivalaient à 56 jours par an. Ces déficiences ré présentent en moyenne 6 % des recettes des entreprises du secteur formel et jusqu’à 16 % de perte de revenus dans le secteur informel non doté d’équipements de secours. La Banque mondiale évalue le poids économique de ces coupures à deux points de croissance par an.
Boris Ngounou