AFRIQUE : axé sur les solutions, le 9e Forum mondial de l’eau se termine à Dakar

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AFRIQUE : axé sur les solutions, le 9e Forum mondial de l’eau se termine à Dakar ©AAE

Le 9e Forum mondial de l’eau (FME) qui se referme à Dakar au Sénégal a été l’occasion pour les acteurs du secteur de l’eau de présenter des solutions pour une meilleure gestion de l’eau en Afrique. Outre l’annulation de la dette de l’eau pour les États et les collectivités à revenus faibles, de nouveaux financements sont annoncés sur le continent.

Ça y est. Le Sénégal vient d’entrer dans l’histoire en tant que premier pays d’Afrique subsaharienne à organiser le Forum mondial de l’eau (FME). Retardée d’un an à cause de la pandémie de Covid 19, cette 9e édition qui s’est tenue du 21 au 26 mars 2022 aura visiblement tenu ses lettres de noblesse. « La rencontre a débouché sur des propositions fortes pour l’atteinte opérationnelle des cibles [Eau] de l’Agenda 2030 et, plus globalement, pour l’atteinte des 17 objectifs de développement durable (ODD). Le but étant de faire des recommandations à la Conférence des Nations unies sur l’eau de 2023 à New York aux États-Unis », indique l’ONU.

Des promesses de financement

Le Conseil mondial de l’eau (CME) estime que l’Afrique a besoin de 20 milliards de dollars d’ici à 2030 pour la consolidation des réformes politiques et institutionnelles, l’augmentation des investissements publics et privés dans le domaine de l’eau, en plus du renforcement de la participation des populations. Logique, car le continent reste le plus touché par les pénuries d’eau. En 2022, en moyenne 418 millions de personnes sur les 1,3 milliard que compte l’Afrique ne disposent toujours pas d’un service d’eau potable, même de base, selon le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef). Parmi les principaux défis figurent le changement climatique, la pollution, la pression démographique, les besoins d’irrigation croissants à cause de la demande alimentaire, l’urbanisation, etc.

Aussi, le président du CME, Loïc Fauchon a suggéré l’annulation de la dette de l’eau pour les États et les collectivités à revenus faibles. Cette annulation doit s’accompagner, selon lui, d’une exigence de réinvestissement immédiat aux mêmes montants dans la construction d’infrastructures de l’eau et de l’assainissement ainsi que dans la maintenance et la formation des femmes et des hommes. « Nous voulons également un fonds bleu issu des financements du climat, un véritable fonds international pour la sécurité de l’eau », exhorte Loïc Fauchon, assurant que seuls ces financements massifs, mais contrôlés pourront permettre de faire face convenablement aux défis en matière de gestion de l’eau.

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Toujours pour sécuriser l’approvisionnement en eau, plusieurs partenaires au développement, notamment la Banque mondiale, la Banque africaine de développement (BAD), l’Agence française de développement (AFD), la Banque européenne d’investissement (BEI) prévoient des financements en Afrique. Ainsi, le Sénégal bénéficiera d’un prêt de 64,5 millions d’euros de la BEI et d’une subvention de 5,55 millions d’euros de l’Union européenne (UE) pour des projets d’eau potable.

Les futures installations permettront d’approvisionner plus de 1,2 million de Sénégalais encore non desservis. L’objectif du pays d’Afrique de l’Ouest est la couverture universelle en eau potable à l’horizon 2030. Selon le ministère sénégalais de l’Hydraulique et de l’Assainissement, en 2021, 98,8 % de la population en milieu urbain et 91 % en zone rurale, 91 % disposaient d’une source d’approvisionnement en eau potable de manière continue.

Ces financements viendront s’ajouter aux 4 milliards de dollars promis par la coalition des Banques publiques de développement (BPD) au profit des micro, petites et moyennes entreprises (MPME) africaines. Objectif, atténuez les effets du stress hydrique. La coalition a annoncé en octobre 2021 être parvenue à mobiliser 1,3 milliard de dollars.

Lors du FME, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) a présenté son rapport intitulé « Eaux souterraines : rendre visible l’invisible. Dans ce document, l’Unesco explique comment les aquifères pourraient atténuer les effets du changement climatique, car elles possèdent une capacité de tampon unique, capable de limiter l’impact des variations climatiques. Le rapport recommande notamment l’irrigation via des systèmes de pompage d’eaux souterraines à l’énergie solaire.

Si des pays comme la Mauritanie ou la Namibie expérimentent cette solution face à la sécheresse, plusieurs pays traînent encore le pas. Pourtant, selon le président sénégalais Macky Sall, toutes les solutions sont à prendre au vu de la situation qui devrait encore s’aggraver.

La nécessité d’une meilleure gouvernance dans le secteur de l’eau

Outre le financement des infrastructures, il faudra investir dans la gestion durable de l’eau. Le président de la République du Sénégal a ainsi proposé sur le plan politique que l’élargissement de la composition du G20. « Compte tenu des enjeux globaux […], le moment est venu pour qu’une instance comme le G20 prête attention aux problématiques liées à l’eau, à l’image de ce que font la Banque mondiale et les autres institutions internationales depuis des décennies. L’Union africaine (UA) pourrait ainsi en devenir membre. Car l’Afrique compte plus d’un quart des pays membres des Nations unies », a affirmé Macky Sall le 21 mars 2022, dans son discours d’ouverture de la 9e édition du Forum mondial de l’eau.

L’adoption des lois sur l’eau dans les parlements a également été préconisée pour sécuriser l’accès à l’eau potable en Afrique. Selon le Secrétaire exécutif du 9e FME, Abdoulaye Sène, cette mesure permettra aux gouvernements de traduire dans les politiques publiques nationales, les voies et moyens pour s’assurer que le droit humain à l’eau soit effectif. De meilleurs services d’eau garantiraient également des services d’assainissement adéquats sur le continent. Selon l’Unicef, 79 millions de personnes ne disposent toujours pas de services d’assainissement de base et 839 millions de personnes de services d’hygiène de baseen Afrique subsaharienne.

Inès Magoum

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