Une nouvelle alliance vient de voir le jour en vue de l’exploitation des sources d’énergies renouvelables en Afrique. Elle est formée de China Communications Construction Company (CCCC), une entreprise basée à Pékin, la capitale de la Chine, et la société Platinum Power, enregistrée au Maroc. Ce nouveau partenariat s’ouvre avec un projet hydroélectrique de 108 MW dans le centre du Maroc. La construction de cette centrale dans le cadre d’un partenariat public-privé (PPP) sera assurée par Platinum Power et China First Highway Engineering Company (CFHEC), une filiale de CCCC. Elle représente un investissement de 300 millions de dollars.
Les deux partenaires ont fait savoir qu’ils « partageaient la même vision, selon laquelle les énergies renouvelables en général, et les aménagements hydroélectriques en particulier, constituent une solution durable et compétitive pour les besoins énergétiques de l’Afrique ». Mais cette alliance s’apparente à une bouée de sauvetage pour Platinum Power.
Une entreprise en difficulté
L’alliance avec CCCC signifie-t-elle la fin des difficultés pour Platinum Power ? Il est peut-être trop tôt pour le dire. Mais l’entreprise détenue minoritairement par Brookstone Partners, une société de capital-investissement basée à New York aux États-Unis, a traversé une zone de fortes turbulences à cause de difficultés économiques avec, en prime, des dissensions au niveau du top management de l’entreprise. Le conflit opposait l’américain Michael Toporek, président-directeur général (PDG) de Brookstone Partners, et son associé, le marocain Omar Belmamoun, PDG de Platinum Power
La presse marocaine a même évoqué la fermeture de cette société immatriculée dans le royaume chérifien. Cette affaire, qui a tenu en haleine la presse marocaine et internationale, a eu des impacts sur les projets de Platinum Power en Afrique. En Côte d’Ivoire, l’entreprise a été mandatée par le gouvernement pour développer, financer, construire et exploiter les projets hydroélectriques de Tayaboui et de Gao avec un modèle de contrat Boot (Build, Own, Operate & Transfer), conformément aux termes d’un accord signé en février 2014. Ils auraient dû permettre de fournir 300 MW au réseau national en Côte d’Ivoire.
Mais quand la crise a éclaté au sein de Platinum Power, les projets se sont complètement arrêtés. La représentation de l’entreprise en Côte d’Ivoire a été fermée avec les arriérés de salaires pour les employés.
La situation au Cameroun
Les Camerounais suivaient de très près la situation au Maroc et en Côte d’Ivoire puisque Platinum Power avait reçu le quitus du gouvernement pour le développement du projet hydroélectrique de Makay de 400 MW dans le département du Nyong-Ekellé, au centre du Cameroun. Les effets de la crise n’ont pas mis longtemps pour atteindre le Cameroun puisque la représentation de l’entreprise au Cameroun a elle aussi mis la clef sous le paillasson avec, à nouveau, des mois d’arriérés pour les employés.
Pourtant, le projet était déjà bien avancé avec la clôture financière réalisée en 2018 et la signature d’un contrat d’achat d’électricité (CAE) acquise un an plutôt avec Eneo, le concessionnaire du service public de l’électricité au Cameroun, détenu par le fonds d’investissement britannique Actis. Le partenariat signé entre Platinum Power et CCCC devrait peut-être permettre de relancer les projets hydroélectriques en Côte d’Ivoire et au Cameroun.
Jean Marie Takouleu