La CEEAC est à pied d’œuvre sur le projet de création d’un organisme de gestion intégrée des bassins transfrontaliers du Cameroun, du Congo Brazzaville, du Gabon et de la Guinée Équatoriale. La structure en gestation devra notamment règlementer la gestion durable des eaux des fleuves Ogooué, Ntem, Nyanga et Komo.
La Communauté économique des états de l’Afrique centrale (CEEAC), a bouclé au cours du mois de mai 2019, sa série d’ateliers de validation du projet de création d’un organisme de gestion intégrée des bassins transfrontaliers, dans quatre de ses dix pays membres : le Cameroun, le Congo Brazzaville, le Gabon et la Guinée Équatoriale. Il s’agissait pour les experts de la CEEAC de discuter et d’échanger avec les autorités des pays cibles, sur les scénarios possibles d’administration des ressources en eau dans la zone Cemac.
Les États bénéficiaires du projet ont en effet reconnu qu’ils manquaient de coordination dans la gestion des ressources hydriques qu’ils partagent. « Les ressources en eau sont naturellement confinées dans des bassins, qui apparaissent comme l’échelle de gestion la plus appropriée d’un point de vue physique et écologique. Néanmoins, ces ressources sont souvent gérées selon des unités administratives, qui divisent souvent les bassins et entrainent une fragmentation encore plus grande, en particulier dans le cas des bassins transfrontaliers », a confessé Ousman Mamoudou, le directeur de la Gestion des ressources en eau au ministère camerounais de l’Eau et de l’Énergie, lors de l’atelier qui s’est tenu à Yaoundé, du 27 au 28 mai 2019.
Ce manque de coordination peut également être source de conflit, comme l’a illustré Didas Amboulou, directeur général par intérim de l’Hydraulique au Congo Brazzaville. « Par exemple, le fleuve Ogooué prend sa source au Congo et au Gabon. Ce fleuve sert à la navigation, à la production du courant électrique et à la pêche. Si le Congo construit des ouvrages sur l’Ogooué, dans sa partie et bloque l’eau, cela provoquera une catastrophe de l’autre côté du Gabon ».
Un projet ancré sur les besoins en eau potable et l’assainissement
Le projet de création de l’organisme de gestion des eaux transfrontalières est porté par la CEEAC, avec le financement du nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad) et celui de la Banque africaine de développement (Bad). Il comprend trois volets : l’appui à la création d’un organisme de bassins transfrontaliers et le renforcement des capacités au niveau des bassins, la préparation des études concernant l’investissement ainsi que le suivi des ressources en eau et, enfin, la gestion du projet lui-même.
Le projet répond à la politique régionale de l’eau adoptée par la CEEAC, dont l’objectif général est de contribuer à la réduction de la pauvreté et à la croissance économique dans l’espace de la communauté, en instaurant une gestion intégrée des ressources hydriques, dans la mesure où l’eau et l’assainissement sont un enjeu central du développement durable. La santé humaine et le bien-être reposent sur l’accès à l’eau potable et dépendent de conditions d’assainissement et d’hygiène convenables.
Autre enjeu pour la CEEAC : la promotion via ce projet et l’intégration sous régionale à travers la gestion des ressources en eau. « Par exemple, le Ntem vient du Gabon, passe par le Cameroun et va jusqu’en Guinée-Équatoriale. Nyanga vient du Gabon, va au Congo et revient au Gabon. Ogooué prend sa source au Congo pour venir au Gabon. Komo vient de la Guinée pour finir au Gabon. Donc, la gestion de ces cours d’eau, qui dépassent la frontière, et qui sont des cours d’eau partagés, nécessite la mise en place d’une structure de gouvernance », a déclaré Désiré Demazogao Bakotta, coordonnateur et chef de service Eau et Énergie à la CEEAC.
Boris Ngounou