L’amélioration de la gestion des aires protégées d’Afrique centrale passera par une meilleure intégration des populations locales. C’est la principale recommandation du rapport intitulé « Aires protégées d’Afrique centrale : État 2020 », publié le 29 juin 2021 par l’Observatoire des forêts d’Afrique centrale (Ofac). En neuf chapitres, le document dresse le bilan actualisé de l’état des aires protégées dans les dix pays membres de la Commission des forêts d’Afrique centrale (Comifac).
Le rapport intitulé «Aires protégées d’Afrique centrale : État 2020», insiste sur la nécessité d’une meilleure intégration des communautés riveraines dans la gestion des aires protégées d’Afrique centrale. Selon les auteurs de ce rapport, les systèmes intégrant les communautés locales sont en effet ceux qui montrent les meilleurs résultats en termes de conservation des ressources naturelles et de bien-être des populations. « Les bénéfices à tirer de ces modes de gestion en plein développement sont nombreux. L’on note un appui financier et humain régulier, la mise sur pied des cadres de concertation et de prise de décision, la création d’emploi… », explique Patrice Bigombe Logo, le directeur du centre de recherche et d’action pour le développement durable (Cerad).
Cependant, les systèmes de gouvernance incluant les populations riveraines (gouvernance entièrement privée ou communautaire), ne représentent que le 1% des modèles de gestions des réserves naturelles en Afrique centrale, la part belle (85%) étant dédiée au modèle dit « public » où la gestion revient entièrement au gouvernement.
Concilier protection de la biodiversité et développement
L’industrie extractive représente une menace pour les aires protégées d’Afrique. « Environ 60 % du réseau d’aires protégées de la sous-région est actuellement menacé par l’industrie minière et des projets d’exploitation pétrolière et gazière. Des permis sont déjà accordés dans 27 % des aires protégées » indique Georges Belmond Tchoumba, le coordinateur régional du programme Forêt du Fonds mondial pour la nature (WWF) en Afrique centrale.
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Les auteurs du rapport «Aires protégées d’Afrique centrale : État 2020» proposent deux options pour les industries extractives: les bannir dans les zones très riches en biodiversité (par exemple où il y a des espèces emblématiques menacées) et les permettre dans d’autres zones selon des conditions strictes guidées par des études d’impacts environnementaux.
Une publication phare sur les 206 aires protégées d’Afrique centrale
Le rapport souligne en revanche la bonne représentativité des aires protégées en Afrique centrale. Elles recouvrent 15 % de la surface terrestre et 5 % de la surface marine de la région, ce qui représente un progrès significatif vers l’atteinte des Objectifs d’Aichi – fixés à 17 % pour les zones terrestres et 10 % pour les zones marines – adopté par les pays signataires de la Convention sur la diversité biologique en 2010. « Actuellement, 70 % des mangroves, 20 % des forêts humides, 15 % des savanes et forêts semi-sèches sont protégées », précise Charles Doumenge, chercheur au Cerad et premier éditeur scientifique du rapport.
Rédigé par un groupe d’experts spécialisés dans la conservation en Afrique centrale, avec l’appui financier de l’Organisation des États d’Afrique, Caraïbes et Pacifique (OEACP) et de l’Union européenne (UE), par le biais des projets BIOPAMA et RIOFAC, ainsi que de la GIZ, « Aires protégées d’Afrique centrale : État 2020 » fait suite à une première édition publiée en 2015, devenue aujourd’hui la publication importante sur les 206 aires protégées d’Afrique centrale.
Boris Ngounou