Un pont relie Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo (RDC), et Brazzaville, le siège des institutions du Congo. Les autorités congolaises l’ont traversé se rendre à Kinshasa. Elles ont ainsi pu rencontrer leurs homologues pour renforcer leur partenariat afin de lutter contre le braconnage qui sévit dans ces deux pays à la biodiversité foisonnante.
L’accord signé entre Kinshasa et Brazzaville concerne l’espace binational des lacs Télé et Tumba, qui fait office de frontière entre les deux pays. Les zones humides situées autour de ces deux lacs vont être transformées en parcs nationaux. « Nous avons des écosystèmes forestiers en partage, qui sont destinés à la conservation. Il fallait d’abord affecter ses paysages à la conservation, donc créer les paras du côté du Congo Kinshasa et du Congo Brazzaville, commencer par créer les institutions que sont ces parcs nationaux », a affirmé Rosalie Matondo, la ministre de l’Économie forestière du Congo. La protection de la biodiversité dans cette zone transfrontalière préoccupe les deux États depuis de nombreuses années.
Projet Lac Télé Lac Tumba
Selon le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) au Congo, le territoire Lac Télé Lac Tumba constitue la plus grande forêt humide et la deuxième zone humide au monde. Il couvre 126 440 km², à cheval entre le Congo et la RDC. Environ 70 % de la zone est composée de forêts et d’herbages humides, inondés de manière saisonnière, le reste étant de la terre ferme et de la savane.
Ce paysage joue également un rôle essentiel dans le climat et l’hydrologie du bassin du Congo, ainsi que dans la gestion des points. Il est d’autant plus exceptionnel, à l’échelle de l’Afrique et de la planète, qu’il abrite en assez grande densité les trois communautés de grands primates d’Afrique (gorilles, chimpanzés et bonobos), ainsi que les éléphants de forêt, les hippopotames, 16 espèces de singes diurnes et 7 espèces de duikers (ou antilope naine). Plus de 350 espèces d’oiseaux ont été observées, notamment des populations importantes d’oiseaux aquatiques. On y trouve également des crocodiles du Nil, des crocodiles à nuque cuirassée et des crocodiles à front large.
Alors, forcément, les deux pays ont un grand intérêt à collaborer pour conserver ce patrimoine naturel hors norme. Depuis 2010, le Congo et la RDC ont signé un accord de coopération sur la protection de cette zone transfrontalière. Ce partenariat a accouché d’une initiative, le projet « Lac Télé Lac Tumba ». L’objectif est de renforcer les capacités de part et d’autre du fleuve Congo, d’impliquer les communautés locales pour une gestion participative des ressources naturelles, de conserver et d’utiliser rationnellement les zones humides par des actions locales, nationales, régionales et par la coopération internationale pour contribuer au développement durable. La rencontre de Kinshasa avait aussi pour but de passer des intentions aux actes.
Jean Marie Takouleu