Les femmes d’Afrique centrale et du bassin du Congo ont travaillé ensemble à l’élaboration de leur propre feuille de route et d’une déclaration exprimant clairement ce qu’elles veulent et ce dont elles ont besoin pour continuer à protéger les paysages et les écosystèmes de leur région. Elles ont également convenu de mettre en place un nouveau mécanisme de financement dirigé par les autochtones afin d’aider les bailleurs de fonds à acheminer directement les soutiens vers les femmes et les jeunes filles autochtones d’Afrique centrale.
Lors du tout premier forum des femmes autochtones des communautés locales d’Afrique centrale et du bassin du Congo, tenu du 8 au 12 mai 2023 à Brazzaville, en République du Congo, quelque 150 femmes d’une dizaine de pays africains et d’autres continents, ainsi que des bailleurs de fonds, ont identifié quatre domaines prioritaires pour un appui direct en faveur de la biodiversité. Il s’agit du renforcement des capacités techniques et institutionnelles des organisations de base, des associations et des réseaux de femmes autochtones et des communautés locales, et la facilitation de l’accès au financement direct pour les organisations dirigées par des femmes autochtones et des femmes des communautés locales.
Le mécanisme de financement direct des femmes autochtones d’Afrique centrale pour la protection de la biodiversité consiste également à soutenir les activités économiques des femmes et des filles dans le contexte de la résilience climatique et de la philosophie « ne pas nuire » pour protéger les forêts et les paysages d’Afrique centrale et du bassin du Congo. Il s’agit aussi de suivre et d’évaluer les progrès accomplis dans la mise en œuvre de la feuille de route et partager les enseignements tirés.
Une initiative du Repaleac
Le forum a été organisé par le Réseau des peuples autochtones et des communautés locales pour la gestion durable des écosystèmes forestiers d’Afrique centrale (Repaleac) avec le soutien de l’Initiative des droits et ressources (RRI) et de la Commission des forêts d’Afrique centrale (Comifac).
Pour les responsables du Repaleac, les femmes autochtones sont totalement marginalisées et passent inaperçues, malgré leur rôle primordial dans la protection de la nature. « Leur vie dépend de la forêt, de la savane, de cette brousse dans laquelle elles vivent. C’est pour cela qu’elles ont des systèmes spécifiques de protection qui se transfèrent de mère en fille pour s’adapter. Les peuples autochtones sont les meilleurs gardiens de la planète », souligne Aïssatou Oumarou, la vice-présidente du Répaleac.
Les participants ont nommé Casey Box, directeur de la stratégie mondiale au Christensen Fund, et Solange Bandiaky-Badji, coordinatrice de RRI, comme médiateurs chargés de mobiliser des fonds et de suivre l’évolution des engagements pris par les donateurs pour soutenir la mise en œuvre par Repaleac de la feuille de route du forum en Afrique centrale.
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Le deuxième Forum des femmes autochtones et des communautés locales d’Afrique centrale et du bassin du Congo se tiendra en 2024. Il sera question de faire le point sur les fonds engagés et les progrès réalisés dans la mise en œuvre de la feuille de route afin de continuer à renforcer l’engagement des femmes dans la conservation de la biodiversité et la résilience climatique.
Boris Ngounou