Des toits envolés et des murs effondrés, 30 000 Mozambicains paient le lourd tribut de la tempête tropicale Gombe dans plusieurs provinces. À Nampula comme à Zambézie dans le centre du Mozambique, l’Institut national de la gestion des risques liés aux catastrophes (INGD) a observé des rafales de vent de 170 km/h. Une intensité plus forte que celle du cyclone Idai ayant frappé le pays en 2019, avec des dégâts plus importants comme la coupure d’électricité.
Au Malawi voisin, la catastrophe a provoqué de fortes pluies entraînant des crues dans neuf districts, dont celui de Machinga situé à 256 km de la capitale Lilongwe. Au total, sept personnes ont perdu la vie dans le sud du pays tandis que les autorités ont déployé des équipes de sauvetage dans les zones touchées par les inondations à l’instar de Liwonde où se trouve le quatrième parc national du pays et la rivière Namandanje qui sert de frontière avec le Mozambique.
Si Gombe n’a pas atteint Madagascar, pays le plus vulnérable face aux catastrophes naturelles en Afrique de l’Est, la grande île a pourtant connu d’autres phénomènes en début d’année à l’instar du cyclone Batisrai qui succédant à la tempête Ana a connu des rafales de vent à 235 km par heure. Après avoir causé des inondations à travers le pays, détruit des bâtiments et arraché des arbres, la tempête a fait 92 morts et 50 000 déplacés.
Des régions placées en alerte à Madagascar
Selon les organisations météorologiques, ce phénomène est loin de s’arrêter en Afrique de l’Est puisque Madagascar s’attend à une nouvelle vague de puissants cyclones tropicaux, à l’instar de Dumako qui devrait toucher terre notamment dans les régions de Sava, Analanjirofo et Toamasina, placées en alerte. Une série de catastrophes portant atteinte à la biodiversité et aux ressources alimentaires des populations.
Chaque année, environ 80 tempêtes tropicales ou cyclones se forment sur le globe. Dans l’océan Indien, la saison cyclonique s’étend de novembre à avril, à l’exception de l’île Maurice et des Seychelles où le phénomène dure plus longtemps. À en croire Evans Mukolwe, expert météorologique auprès de l’Organisation des Nations Unies (ONU), la saison cyclonique 2021-2022 se clôturera en mai avec une dizaine d’autres phénomènes susceptibles de frapper l’Afrique de l’Est et les îles voisines de l’océan Indien. « Ces dernières années, nous avons constaté un réchauffement accru des océans. Cette modification des schémas climatiques dans l’océan Indien entraîne normalement une augmentation des cyclones dans la partie sud-ouest » affirme Evans Mukolwe.
Des phénomènes associés au réchauffement climatique
Selon le Groupe d’experts intergouvernemental des Nations unies sur l’évolution du climat (GIEC), une cinquantaine de villes africaines sont exposées à des phénomènes climatiques graves liés à l’élévation du niveau de la mer et des températures de l’air. Un avis partagé par la directrice par intérim du Département du Changement climatique et des Services météorologiques du Malawi. « La plupart des terres sont nues, sans arbres, sans végétation, donc, lorsque ces eaux arrivent, l’impact des inondations est très élevé. Et les températures augmentent sur les océans. Avec ce réchauffement climatique, ces changements climatiques, nous nous attendons à ce que ces cyclones se développent de plus en plus », affirme Lucy Mtilatila.
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À en croire Jean-Paul Adam, directeur du changement climatique au sein de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), une planification intelligente du climat dans tous les secteurs économiques passerait par des investissements soutenus dans la réduction des risques de catastrophe, l’énergie, les systèmes d’approvisionnement en eau, les infrastructures et les écosystèmes naturels résilients sont nécessaires pour amortir la croissance socio-économique de l’Afrique, accélérer la réduction de la pauvreté et atteindre un programme d’industrialisation intelligente et neutre sur le plan climatique.
Benoit-Ivan Wansi