Le projet hydroélectrique de Ruzizi III connaît un nouveau développement. Cette fois-ci, il s’agit d’un accord qui vient d’être signé entre Pierre Kangudia, le ministre par intérim de l’Énergie et des Ressources en eau de la République démocratique du Congo (RDC) ; Claver Gatete, le ministre rwandais des Infrastructures ; et Como Manirakiza, le ministre burundais de l’Énergie et des Mines.
Les trois ministres ont choisi deux entreprises pour le développement du projet hydroélectrique de Ruzizi III dans le cadre d’un partenariat public privé (PPP). Il s’agit d’un consortium composé de l’entreprise norvégienne SN Power, déjà connue en Afrique, notamment pour sa participation dans le projet hydroélectrique de Volobe (120 MW) à Madagascar et d’Industrial Promotion Services (IPS), la branche industrielle du Fonds Aga Khan pour le développement économique (Akfed).
Une capacité attendue de 147 MW
« Ruzizi III est un projet réellement révolutionnaire. Il s’agit du premier projet financé par des fonds privés en Afrique subsaharienne qui utilisera une ressource régionale commune pour générer une énergie qui sera partagée de manière égale entre trois pays », a affirmé Galeb Gulam, le directeur général de l’IPS. Le projet figure au menu des ambitions énergétiques de la RDC, du Rwanda et du Burundi depuis le début des années 90.
Mais il est resté dans les tiroirs et n’en a été ressorti qu’au début des années 2 000. En 2008, le Fonds fiduciaire UE-Afrique pour les infrastructures (FFUEAI) a alloué 2,8 millions d’euros à travers la Banque européenne d’investissement (BEI) pour la réalisation des études complémentaires.
L’appui de plusieurs partenaires
Le barrage hydroélectrique sera construit sur la rivière Ruzizi qui assure le lien entre le lac Kivu et le lac Tanganyika. Mais, la retenue d’eau limitera la mobilité des loutres qui vivent de la pêche. Les babouins, qui vivent dans cette partie de la RDC seront aussi impactés par le projet puisqu’une partie de leur territoire pourrait être inondée.
La centrale hydroélectrique de Ruzizi affichera une capacité de 144 MW, extensible à 200 MW. Sur la question du financement, « la contribution de tous les bailleurs de fonds confondus dans Ruzizi III sera très importante et s’élèvera à environ 400 millions d’euros, dont près de 20 % ont été mobilisés dès 2015 par la banque africaine de Développement », indique la chargée d’affaires à la délégation de l’Union européenne, Martina Tenko, qui a participé à la cérémonie de signature de l’accord entre la RDC, le Rwanda et le Burundi. L’autre partie du financement viendra de la Banque européenne d’investissement (BEI), ainsi que de la Kreditanstalt für Wiederaufbau (KfW), l’agence allemande de développement. L’Agence française de développement (AFD) soutient également ce projet.
SN Power et IPS vendront l’électricité aux entreprises qui assurent le service public de l’électricité en RDC, au Rwanda et au Burundi. Le kWh a été négocié entre 11 et 13 centimes de dollars. L’électricité pourra ainsi bénéficier à 30 millions de personnes.
Jean Marie Takouleu