Le projet lancé par la Cédéao et qui va entrer dans sa phase opérationnelle d’ici janvier 2019 est très ambitieux : fournir de l’électricité à 200 millions de personnes dans 19 pays (y compris certains qui ne font pas partie de cette zone économique). L’objectif à terme est d’accélérer le développement de tous les pays concernés.
Il s’agit du projet régional d’électrification hors réseau (Rogep). Les responsables et experts en matière énergétique de la Communauté économique des États d’Afrique de l’ouest (Cédéao) se sont réunis dans la capitale ghanéenne, Accra, pour un atelier visant à élaborer les modalités concrètes de ce projet. L’objectif est d’offrir de l’énergie solaire aux populations vivant dans 19 pays d’Afrique de l’ouest et du Centre. Il s’agit du Nigéria, du Bénin, du Burkina Faso, du Cap-Vert, de la Côte d’Ivoire, de la Gambie, du Ghana, de la Guinée, de la Guinée-Bissau, du Libéria, le Mali, le Niger, la Sierra Leone, le Sénégal, le Togo, la Mauritanie et quelques pays d’Afrique centrale comme le Cameroun, le Tchad et la République centrafricaine.
Dans l’ensemble de ces pays, seulement 40 % de la population ont accès à l’électricité selon Sédiko Douka, le commissaire à l’Énergie et aux Mines de la Cédéao. Pourtant les experts s’accordent à dire qu’aujourd’hui, il serait difficile de raccorder les 60 % de personnes restantes à des réseaux électriques ordinaires. La solution immédiate qui s’offre à ces États est de permettre aux populations d’accéder à de l’énergie hors réseau. Ce qui est possible notamment grâce aux énergies renouvelables. Et c’est en cela que réside l’essence même du projet Rogep qui vise à améliorer l’accès à l’électricité en Afrique de l’Ouest et dans la région du Sahel grâce à des systèmes solaires autonomes, y compris des lanternes solaires, des systèmes solaires domestiques, des pompes à eau solaires et des moulins solaires.
L’accompagnement de la Banque mondiale
Selon Wendy Hughes, Practice Manager, Energy and Extractive Global de la Banque mondiale, « le hors réseau offre une alternative réelle et durable à l’électricité du réseau. De plus, la construction d’un grand marché du solaire off-grid unifié augmentera l’accès à ces dispositifs énergétiques modernes ». Wendy Hughes a profité de l’occasion à Accra pour confirmer que l’institution pour laquelle elle travaille déboursera 200 millions de dollars pour la première phase de ce projet, qui est en gestation depuis 2015. Cette somme sera débloquée à partir de janvier 2019.
Les entreprises locales au centre du jeu
Le projet Rogep est piloté par le Centre pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique de la Cédéao (Cereec). Le directeur de ce centre, Mahama Kappiah a par ailleurs affirmé que les modalités concernant la suite du projet avaient déjà été arrêtées. Le Cereec procèdera d’abord à la formation des acteurs locaux du solaire. D’ailleurs, la formation de 48 entrepreneurs venant de 19 pays est déjà en cours. L’objectif ici est de leur permettre de s’approprier le projet et surtout de les « sensibiliser à ce que l’énergie soit abordable » pour les États sélectionnés dans le cadre de ce projet. « Le soutien financier provient spécifiquement d’un système de lignes de crédit que nous avons négocié avec la Banque mondiale et que nous mettons à la disposition de nos entreprises privées pour cette mission uniquement », a assuré Mahama Kappiah.
Ce n’est pas la première fois qu’un projet devant permettre l’accès à une énergie propre est initié sur le continent africain. En mai 2018, la Banque africaine de développement a lancé un programme baptisé Desert to Power. Mais cette fois, l’objectif était de construire des centrales solaires qui permettront à terme l’offrir de l’électricité à 250 millions de personnes dans 11 pays en Afrique au sud du Sahara et dans la corne de l’Afrique d’ici 2025. Le projet Rogep pour sa part prévoit de fournir de l’énergie à 200 millions de personnes.
Jean Marie Takouleu