La compagnie britannique de raffinage BP (British Petroleum) développe l’un des plus grands projets de gaz naturel liquéfié (GNL) dans le golfe de Guinée. Située à la frontière maritime entre le Sénégal et la Mauritanie, la concession gazière dénommée Greater Tortue Ahmeyim (GTA) s’enfonce à 2,7 km sous la surface, une profondeur encore jamais tentée en Afrique. Une fois opérationnelle, la plateforme de GTA produira 2,5 millions de tonnes de GNL par an, les ressources totales en gaz du champ étant estimées à environ 15 trillions de pieds cubes. Le gaz produit est destiné à l’exportation, mais aussi au marché domestique du Sénégal et de la Mauritanie, notamment pour la production d’électricité. Par ailleurs, BP envisage de lancer des programmes de forages de deux puits au Ghana et de trois puits en Guinée équatoriale cette année.
Seulement, ces projets gaziers de PB dans le golfe de Guinée font craindre le pire à certains groupes de défense de la nature. « Si ces nouveaux projets se concrétisent pleinement, BP devrait récupérer environ 40 000 milliards de pieds cubes (tcf) de gaz dans la région. Et lorsqu’il est brûlé, ce gaz créerait environ 2,2 milliards de tonnes métriques d’émissions de CO2, soit l’équivalent de 0,3 à 1 % du budget carbone restant pour maintenir le réchauffement à moins de 1,5 °C », révèle une récente enquête de Unearthed, un programme de journalisme d’investigation lancé par Greenpeace et SourceMaterial.
Une menace pour la biodiversité
Les organisations non gouvernementales (ONG) relèvent également l’impact du projet gazier GTA sur la biodiversité marine. Le gaz sera exploité en bordure d’un écosystème marin de 100 mètres de haut et de 580 kilomètres de long. Les scientifiques estiment que cet écosystème a mis environ 200 000 ans à se former. C’est un habitat important pour diverses espèces, telles que des baleines, des tortues, des requins en voie de disparition et pour les oiseaux migrateurs en quête de repos. Les scientifiques pensent qu’il s’agit du plus grand récif corallien d’eau froide connu au monde.
Lire aussi, AFRIQUE : le Royaume-Uni, hôte de la COP26, financerait encore les énergies fossiles
Selon l’étude d’impact environnemental et social (EIES) du projet, un déversement de condensats suite à l’éruption d’un puits pourrait affecter les zones maritimes de 8 ou 9 pays. Mais sans être claire sur les mesures préventives, BP a déclaré à Unearthed que leurs plans d’intervention d’urgence et d’intervention en cas de déversement seraient activés face à un tel événement.
Boris Ngounou