Les gouvernements des quinze pays de la Communauté économique des états de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) commencent à entendre le cri de désespoir de leurs populations. Les ministres de l’Environnement et de l’Énergie de ces pays ont adopté au mois de février 2020 à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, un ensemble de réglementations. Celles-ci visent à introduire des carburants et des véhicules plus propres dans la région Afrique de l’Ouest.
Depuis des décennies, les populations des pays de la Cedeao souffrent des effets négatifs sur leur santé de l’inhalation de fumées toxiques. Cette situation s’explique par l’augmentation des niveaux de pollution atmosphérique dans les villes. Avec une population de près de 400 millions d’habitants, l’Afrique de l’Ouest possède l’un des parcs automobiles dont la croissance est la plus rapide au monde. La majeure partie des importations de véhicules vers la région est constituée de véhicules d’occasion et le carburant utilisé est généralement de mauvaise qualité. En 2016 Onitsha, une ville du Nigeria, a ainsi été désignée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la ville la plus polluée au monde en termes de particules fines, très nocives pour les poumons.
Les normes adoptées par les ministres de l’Environnement et de l’Énergie des pays de la Cedeao marquent donc une étape importante dans la réduction de la pollution atmosphérique dans la région. Celles-ci sont l’aboutissement de plusieurs années de travail mené par le Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue).
Les réglementations adoptées par les pays de la Cedeao
À partir du 1er janvier 2021, tous les carburants importés par les pays de la Cedeao devront avoir une norme de 50 parties par million (ppm) de souffre pour l’essence et le diesel. Actuellement, certains pays de la région ont encore des normes de carburant qui permettent d’importer des carburants diesel jusqu’à 10 000 ppm.
Les raffineries locales ont jusqu’au 1er janvier 2025 pour améliorer leurs activités afin de répondre aux nouvelles exigences et se conformer aux autres paramètres des carburants, notamment le benzène et le manganèse. Grâce à ces nouvelles normes, la qualité de l’air dans la région sera améliorée. À peine 20 % des besoins en carburant de la région sont actuellement raffinés localement, tandis que 80 % sont importés.
Par ailleurs, tous les véhicules importés, qu’ils soient neufs ou d’occasion, ainsi que l’essence et le diesel, devront se conformer à une norme minimale d’émissions de véhicules EURO 4/IV à partir du 1er janvier 2021. Il s’agit d’une norme européenne qui vise à normaliser et à réduire les émissions polluantes des véhicules. Une limite d’âge de 10 ans pour les véhicules d’occasion a également été convenue, avec une recommandation de limite d’âge de 5 ans pour les véhicules utilitaires légers. Un plan visant à améliorer l’efficacité énergétique des véhicules importés a également été adopté. L’objectif est de doubler l’efficacité du parc automobile en passant d’une moyenne de huit litres aux 100 kilomètres aujourd’hui à 4,2 litres aux 100 kilomètres d’ici à 2030. Un objectif intermédiaire de cinq litres aux 100 kilomètres d’ici à 2025 a également été convenu par les autorités de la Cedeao.
La feuille de route sur l’efficacité énergétique des véhicules comprend aussi des propositions visant à introduire des incitations fiscales pour attirer dans la région des véhicules peu ou pas polluants, des mesures pour promouvoir les véhicules électriques et un nouveau label harmonisé pour les véhicules nouvellement importés indiquant l’efficacité énergétique et les émissions de CO2 du véhicule. L’objectif est ainsi de sensibiliser les consommateurs.
Ces décisions seront soumises à un conseil des ministres qui se tiendra au mois de juin 2020, pour adoption formelle. Une fois adoptées, les réglementations juridiquement contraignantes entreront en vigueur au plus tard le 1er janvier 2021.
Inès Magoum