La « mosaïque du manioc », la « striure brune du manioc », la « maladie du bananier » et le « virus de la canne à sucre », de nouvelles pathologies qui n’existait que sur le continent asiatique, sont en pleine expansion en Afrique de l’Ouest et du Centre. L’alerte a été donnée le 27 mai 2021 à Abidjan en Côte d’Ivoire par une équipe de chercheurs de dix pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, dans le cadre du West African Virus Epidemiology (Wave). Un programme de recherche international sur la propagation des maladies virales affectant les plantes de racines et de tubercules en Afrique.
« Ces maladies représentent une menace pour la production du manioc et de la banane. La biodiversité animale n’est non plus épargnée », affirme le docteur Pita, directeur exécutif du Wave. En milieu rural, les feuilles et les tiges de manioc sont également consommées par les animaux. L’infection de cette plante stratégique par le virus de la « mosaïque du manioc », ou par celui de la « striure brune du manioc » engendrera non seulement sa pénurie, mais fera aussi d’elle un aliment toxique pour les animaux.
La striure brune du manioc, un désastre économique
« La striure brune du manioc est une maladie dévastatrice qui a été découverte en Tanzanie dans les années 1930 et qui progresse aujourd’hui de manière certaine vers l’Afrique de l’Ouest. Nos travaux en République démocratique du Congo (RDC) ont d’ailleurs confirmé sa présence en Afrique centrale. Toutefois, d’après les recherches effectuées sur le terrain entre 2015 et 2018, rien n’indique sa présence au Nigéria » explique le docteur Pita. Selon la même source, en 1990 en Ouganda, une épidémie de striure brune du manioc avait causé la mort d’environ 3000 personnes, en raison de la famine.
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Le manioc s’est imposé comme une culture stratégique pour la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté en Afrique. Le continent est le plus grand producteur mondial de manioc (57%). L’attaque virale du manioc engendre des pertes de l’ordre de trois milliards de dollars par an en Afrique subsaharienne, selon le Wave.
Boris Ngounou