Le projet de la Grande muraille verte sera-t-il abandonné ? Cette question revient depuis la publication, le 14 décembre 2021, de l’étude intitulée «The Green Sahara and its Climatic Consequence: From Past to Future ». Dans cette étude, des chercheurs de l’Université du Québec au Canada, estiment que les impacts négatifs possibles de la Grande muraille verte n’ont, pour l’heure, pas suffisamment été étudiés.
Pour remédier à cela, ils ont travaillé sur des simulations informatiques à haute résolution. Dans un contexte de réchauffement climatique, ces simulations montrent une réduction des températures estivales moyennes de 1,5 °C dans la majeure partie du Sahel. Mais les régions déjà plus chaudes devraient le devenir encore plus. Avec des températures moyennes allant jusqu’à 1,5 °C.
Augmentation des précipitations
Dans un scénario de dérèglement climatique, les chercheures indiquent que les précipitations seraient elles aussi amenées à augmenter considérablement. Voire à doubler dans certaines zones, à cause d’une intensification et d’un étalement de la mousson ouest-africaine. Leurs simulations suggèrent en effet qu’avec plus de végétation dans la région, il se créera un bassin d’humidité. Et cela intensifiera les cycles de l’eau et par conséquent, multipliera les précipitations.
La Grande muraille verte
Cette étude sur les possibles impacts négatifs de la Grande muraille verte arrive au moment où des promesses de financement n’en finissent pas pour sa mise œuvre effective, prévue d’ici à 2030. L’initiative lancée depuis 2007 par l’Union africaine a reçu en 2021, trois importantes promesses de financement. D’abord 6,5 milliards de dollars en 5 ans par la Banque africaine de développement (BAD), 600 millions de dollars de la part de l’Agence française développement (AFD), et tout récemment, 5 milliards de dollars en 5 ans de la part de la Banque mondiale.
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Prévue sur une bande de terre longue d’environ 8 000 kilomètres, la Grande muraille verte a pour but de transformer la vie de millions de personnes en créant une mosaïque d’écosystèmes verts et productifs en Afrique du Nord, au Sahel et dans la Corne de l’Afrique. Initialement conçue comme un long couloir de 15 km de large traversant tout le continent africain sur 7 800 km en passant par 11 pays (Gambie, Sénégal, Mauritanie, Mali, Niger, Nigeria, Tchad, Soudan, Éthiopie, Érythrée et Djibouti), cette muraille doit relier Dakar (Sénégal) à Djibouti. Cela représentera environ 117 000 km2 ou 11,7 millions d’hectares de végétation.
Boris Ngounou