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AFRIQUE : des échanges de dette pour le climat, à nouveau conseillés

AFRIQUE : des échanges de dette pour le climat, à nouveau conseillés © Erica ChialeShutterstock

Cette année, AfriCatalyst a joué un rôle de premier plan dans la définition des discussions sur le changement climatique sur le continent africain. La société de conseil en développement panafricaine, basée à Dakar, au Sénégal, publie chaque semaine des analyses sur les politiques liées au climat qui offrent des orientations aux investisseurs, aux décideurs politiques et aux professionnels des médias. Lors d’un événement de haut niveau, coorganisé avec Les Open Society Foundations en marge du Sommet africain sur le climat à Nairobi au Kenya, AfriCatalyst a lancé son document politique phare intitulé « Élargissement et augmentation des échanges de dette pour le climat et la nature en Afrique ».

Le document explique comment le continent peut restructurer sa dette pour la faire correspondre aux objectifs de développement durable (ODD) et à la résilience climatique, présentant ainsi une situation gagnant-gagnant tant pour les créanciers étrangers que pour les nations africaines. Le vice-président exécutif des finances et des services bancaires à la Banque africaine d’import-export (Afrexim Bank), a toutefois souligné le rôle essentiel que jouent les institutions multilatérales de développement en fournissant des garanties, en attirant des investisseurs étrangers et en finançant les premières phases de mise en œuvre des mécanismes dette-nature. Denys Denya a mis en avant l’engagement de la banque à collaborer avec les acteurs pertinents pour répondre à la question climatique.

« La Banque africaine d’import-export a mis en place 500 millions de dollars qui aideront dans les projets climatiques. Le secteur privé considère certains projets climatiques comme risqués. Le secteur public ne peut pas financer ces projets par lui-même. En fournissant un financement concessionnel, un financement par subvention et des garanties aux investisseurs pour regarder différemment les projets », a-t-il déclaré.

Le mécanisme dette-nature a été cité parmi les modèles de financement climatique qui allaient faire l’objet d’accords, lors du premier Sommet africain sur le climat. Les organisateurs annonçaient des accords d’une valeur de plusieurs centaines de millions de dollars.

L’échange dette-nature est souvent présenté comme une technique d’allègement de la dette des pays en développement. Elle passe par l’allongement des délais de paiement, la diminution des taux d’intérêt, l’octroi de nouveaux crédits à des taux plus bas que conventionnellement jusqu’à l’annulation de créances. Cette technique, inventée par le biologiste américain Thomas Lovejoy, considéré comme le parrain de la biodiversité, consiste finalement à échanger une partie de la dette extérieure contre des investissements locaux visant la protection de l’environnement.

L’échange dette-nature s’inscrit parmi les mécanismes innovants, que les experts préconisent pour débloquer le financement climatique en Afrique. « Ça ne peut pas être business as usual – nous devons innover. Nous devons créer un Triple A du financement climatique : Adaptabilité, Abordabilité et Accessibilité du financement climatique. Je crois que l’adaptation et l’atténuation peuvent aller de pair », a déclaré Ibrahima Cheick Diong, le secrétaire général adjoint des Nations unies et directeur général du groupe de la capacité de gestion des risques en Afrique (ARCG).

Selon AfriCatalyst, l’Afrique a besoin de plus de 300 milliards de dollars par an pour l’adaptation au climat.

Boris Ngounou

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