Les femmes africaines ne sont pas en marge de l’action climatique. Les actions et projets menés par certaines d’entre elles ont un écho mondiale, dans le grand concert des efforts de lutte contre le réchauffement climatique. À l’occasion de l’édition 2023 de la semaine de la femme africaine, Afrik21 souligne les trajectoires particulières de trois personnalités féminines de l’action climatique en Afrique.
Elle est certainement la plus jeune des femmes africaines dont la contribution à la lutte climatique promet d’être des plus significatives. À 28 ans seulement, la camerounaise Babette Christelle Tchonang a rejoint le Jet Propulsion Laboratory de l’Administration nationale de l’aéronautique et de l’espace (NASA), située en Californie aux États-Unis d’Amérique, le 7 février 2022. L’océanographe qui a débuté ses études supérieures à l’université de Dschang à l’ouest du Cameroun, a participé dix mois durant, aux travaux de validation et de calibration du satellite SWOT (Surface Water Ocean Topography) dont le lancement s’est déroulé le 16 décembre 2022.
En orbite à 890 km d’altitude, le satellite SWOT fournira pendant près de trois ans, des informations permettant d’améliorer la compréhension du cycle de l’eau et son impact sur le climat. Ces indications seront également très utiles pour la prévention des inondations et des sécheresses. C’est le volet spatio-technologique de la lutte contre le réchauffement climatique. Un domaine qui cadre avec la vision professionnelle de la jeune astrophysicienne. « Mon ambition est de contribuer au développement de l’utilisation des nouvelles capacités de l’océanographie opérationnelle pour la gestion durable des zones côtières (aménagement et préservation du littoral, sécurité maritime, suivi des pollutions, gestion des pêches) dans les pays du Golfe de Guinée (Côte d’Ivoire, Ghana, Togo, Bénin, Nigeria, Cameroun, Guinée équatoriale et Gabon). » confie Babette Christelle Tchonang.
Babette n’évoque pas la République du Congo, et pourtant ce pays d’Afrique centrale qui fait partie des six pays de répartition du bassin du Congo, ne saurait ne pas bénéficier du fruit des recherches de la jeune astrophysicienne. Et pour que l’océanographie opérationnelle bénéficie au débouché maritime du Congo (une plaine côtière est située entre l’océan Atlantique et le Mayombe, large de 50 km à 60 km et longue de 170 km), notre deuxième tête d’affiche ne se fera pas prier, pour veiller au grain. La ministre congolaise du Tourisme, de l’Environnement et du Développement durable, Arlette Soudan-Nonault est cœur de l’action climatique dans son pays et sur le reste du continent.
Arlette Soudan-Nonault, une voix pour la justice climatique
Une détermination qui n’a visiblement pas faiblie. Celle de mobiliser la communauté internationale vers de réelles actions dans la lutte contre le changement climatique en Afrique. Arlette Soudan-Nonault est monté à nouveau au créneau le 3 mars 2023, à l’occasion de la Journée africaine de l’environnement. « Si les pays poursuivent leur politique actuelle, le réchauffement global ne sera pas de 1,5 degré en 2100 mais de 2,8 degrés, très loin de l’Accord de Paris et avec la perspective proche d’une perte totale de contrôle de notre destin climatique », averti la ministre congolaise de l’Environnement, du Développement durable et du bassin du Congo.
Dans ce contexte pressant pour l’accélération de la transition écologique, la ministre exprime un franc parlé à chaque fois qu’elle appelle les pays développés à honorer leurs engagements climatiques en vers les pays du Sud. En novembre 2022 lors de la Conférence des parties des Nations unies sur le changement climatique (COP 27) en Égypte, la Congolaise avait claqué la porte des débats, estimant que les discours des chefs d’État ne menaient à rien et que les vertus du bassin du Congo, n’ont pas été reconnues à leur juste valeur. « L’Afrique, qui n’émet que 4% des émissions mondiales, n’a pas été prise en compte. Là, nous venons pour parler d’adaptation, nous venons pour parler d’atténuation, nous sommes de bons élèves de l’atténuation, mais en tant que personne responsable, il nous faut continuer à concilier atténuation et développement, il nous faut donc aller vers une transition énergétique avec des énergies propres, donc il nous faut des financements. », avait défendu la ministre, par ailleurs Commandeur de l’ordre du mérite congolais.
Par ailleurs Coordonnatrice Technique de la Commission Climat du Bassin du Congo depuis août 2017, Arlette Soudan-Nonault est actuellement au cœur des préparatifs de d’un important sommet qu’abritera Brazzaville en octobre 2023. Il s’agit du sommet des trois plus grands bassins forestiers de la planète.
Les combats menés par Arlette Soudan-Nonault et sa jeune sœur Babette Christelle Tchonang, font penser à une légende de la lutte écologique et climatique en Afrique, la kenyane Wangari Muta Maathai.
Wangari Muta Maathai la « maman des arbres »
Wangari Muta Maathai est un modèle pour la lutte écologique en Afrique. Décédée le 25 septembre 2011 à Nairobi, à l’âge de 71 ans, la mémoire de la biologiste, professeure d’anatomie en médecine vétérinaire et militante politique et écologiste, est célébrée le 3 mars de chaque année par l’Union africaine (UA).
La première biologiste du Kenya et première Africaine à recevoir le Nobel de la paix (en 2004), était une figure africaine de la cause écologique. Elle était encore appelée la « maman des arbres » en raison de sa campagne visant à planter des arbres à travers le Kenya.
Maathai a introduit l’idée de la plantation d’arbres au niveau de la communauté qu’elle a développée en une large organisation de base. C’est cette organisation qu’elle a appelé le Mouvement de la ceinture verte (Green Belt Movement – GBM), officiellement fondé en 1977, sous les auspices du Conseil national des femmes du Kenya (NCWK), en réponse aux besoins en énergie et en eau des femmes rurales du pays.
À l’actif ce Mouvement, l’on compte plus de 51 millions d’arbres au Kenya. Travaillant, à la base, au niveau national et international, l’initiative de Maathai a par ailleurs contribué au renforcement de la résilience climatique et l’autonomisation des communautés, en particulier des femmes, pour favoriser un espace démocratique et des moyens de subsistance durables.
Boris Ngounou
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