Malgré son titre de pays avec le plus de fortunes africaines sur son sol, l’Afrique du Sud vit mal ses heures de crise énergétique, de vulnérabilité climatique et de chômage frôlant les 35 %. Face à cette situation qui fragilise sa place de troisième puissance économique sur le continent, la Banque africaine de développement (BAD) propose aux autorités sud-africaines un plan de 1,4 milliard de dollars pour accélérer le développement durable entre 2023 et 2028.
L’Afrique du Sud est en convalescence. Son économie habituellement parmi les plus fortes du continent africain a reculé au cours des dernières années avec par exemple un produit intérieur brut (PIB) passant de 419 milliards de dollars en 2021 à 405 milliards de dollars en 2022. Parmi les causes de cette récession figurent les inondations spectaculaires dans la ville portuaire de Durban dont le bilan officiel se chiffre à 450 morts et 600 millions de dollars de dégâts matériels. À cela s’ajoute la crise énergétique (12 heures de coupures de courant par jour en juillet 2023, Ndlr) qui s’explique par les défaillances de l’entreprise publique Eskom et la guerre en Ukraine.
Ces évènements obscurs n’ont fait que ralentir la mise en œuvre des 17 objectifs de développement durable (ODD) au sein de la nation arc-en-ciel. C’est dans ce contexte que la Banque africaine de développement (BAD) vient d’approuver son Document de stratégie pays (DSP) pour la période 2023-2028. Pendant cinq ans, elle va investir 1,4 milliard de dollars pour œuvrer à « l’amélioration de la gouvernance et au développement du secteur privé » en Afrique du Sud.
La décarbonation par la promotion des énergies vertes et du fret ferroviaire
« Il s’agit de soutenir les efforts visant à stimuler une croissance inclusive et créer des emplois décents. Cela contribuera à améliorer les compétences et à accroître la résilience aux chocs externes et climatiques. Le soutien envisagé contribuera aussi à réduire les coûts, en aidant le pays à surmonter les obstacles réglementaires pour les entreprises », indique la BAD.
Parmi les secteurs concernés par les futures infrastructures figurent les énergies propres (ODD7) à travers l’augmentation de la production du secteur privé à hauteur de 1 GW d’ici à 2028. Cette compétitivité va également passer par le commerce écoresponsable puisque des travaux sont annoncés pour la construction de 38 kilomètres de tunnels de train devant servir au fret ferroviaire.
Démocratiser le financement de l’inclusion sociale face au climat
Le document quinquennal de la BAD met également un accent sur l’égalité des genres (ODD5) qui n’est pas encore au plus haut niveau dans le pays de Nelson Mandela et qui impacte indirectement la croissance durable. Or, la gent féminine est souvent en première ligne des catastrophes naturelles et de la rareté des ressources (eau, électricité) nécessaires au fonctionnement des ménages. À cet effet, la BAD indique que 210 nouvelles petites et moyennes entreprises (PME) « appartenant à des femmes auront accès aux financements avant 2028. Cela leur permettra d’accéder facilement aux services de base », estime l’institution financière basée à Abidjan en Côte d’Ivoire.
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Le gouvernement sud-africain traite avec d’autres partenaires au développement, mais plus encore avec la BAD. Actuellement, elle investit à hauteur 86,7 millions de dollars dans la seconde phase du Lesotho Highlands Water Project (LHWP) axé sur l’ODD6. Ce projet devrait permettre de porter à 1 260 millions de m3 par an le taux d’approvisionnement en eau destinée à la consommation et à l’agriculture dans ce pays de 60 millions d’habitants.
Benoit-Ivan Wansi
