En Afrique du Sud, les constructeurs d’accessoires pour pêche au drone viennent de perdre une bataille judiciaire contre le ministère sud-africain de l’Environnement. Le gouvernement sud-africain estime que l’utilisation d’engins motorisés dans le cadre de la pêche à la ligne accroît la pression sur certaines espèces marines menacées.
C’est la fin d’un loisir nautique qui met en danger les ressources halieutique de l’Afrique du Sud. Le 12 avril 2022, un tribunal de Pretoria (capitale administrative de l’Afrique du Sud) a débouté des fabricants de drones qui contestaient une note du ministère sud-africain de l’Environnement interdisant l’utilisation d’engins motorisés dans le cadre de la pêche à la ligne. Après près de trois mois de procès, la justice a donné raison au gouvernement sud-africain, qui dénonçait depuis plusieurs années l’impact négatif de la pêche au drone sur la biodiversité marine.
Promue depuis 2016 en Afrique du Sud par des constructeurs de drones, l’utilisation d’engins motorisés dans le cadre de la pêche à la ligne inquiète également les scientifiques. Ils évoquent des effets tels que la capture d’espèces en danger, la surpêche et même des conflits entre plagistes et pilotes de drone. Cette nouvelle pratique consiste à charrier une ligne et son appât avec un drone, de manière à pêcher le plus loin possible tout en restant sur la côte le plus souvent. L’appât est relâché par le drone une fois la proie repérée. La technique permet de faire de grosses prises comme des requins, qui normalement sont impossible à atteindre depuis la plage.
Une pratique hors la loi
La pêche au drone touche particulièrement les refuges des espèces menacées. Selon Bruce Mann de l’Institut de recherche océanique de l’Association sud-africaine pour la recherche biologique marine, les espèces aquatiques menacées se trouvent très souvent dans les zones éloignées du rivage. Et ce sont ces zones qui sont ciblées par les drones. Et pourtant la loi sud-africaine sur la gestion de l’environnement de 1998 interdit l’utilisation de drones au-delà de 2500 pieds. Mais indépendamment de cette règle, les pêcheurs au drone pratiquaient bien au-delà des limites requises.
En plus de présenter un avantage injuste par rapport à la pêche manuelle, l’utilisation de drones englobe d’autres problèmes tels que la confidentialité. Les caméras dont sont équipés ces gadgets peuvent filmer au passage des personnes, notamment des touristes, dans leur intimité. Ainsi, l’interdiction de la pêche par drone pourrait non seulement protéger la vie marine, mais aussi le sentiment de sécurité des personnes et l’équité globale dans la pratique de la pêche à la ligne.
Des requins en voie de disparition
L’interdiction de la pêche au drone intervient en Afrique du Sud au moment où le pays d’Afrique australe connait une disparition progressive des requins blancs. Une étude commanditée par le gouvernement sud-africain indique la nette régression de ces mammifères marins. Au large de la baie False à l’est du Cap le nombre d’observations de requins blancs se situait à 205 par an entre 2010 et 2016.
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Alors qu’en 2018, à peine 50 observations ont été réalisées. Ces requins ont disparu de l’horizon, même durant les mois qui constituent habituellement le pic de leur présence. En deux ans, un seul signalement a ainsi pu être confirmé dans la zone, selon la même étude.
Boris Ngounou