Les producteurs indépendants d’énergie d’Afrique du Sud touchait pourtant au but. Il y’a quelques semaines, ils avaient réussi à persuader le gouvernement sud-africain, après de longues négociations, d’acheter plus d’énergies renouvelables pour soutenir Eskom Holdings SOC Ltd, le principal fournisseur d’électricité d’Afrique du Sud, dans l’alimentation des populations en énergie électrique. Malheureusement, avec la survenue de la pandémie du coronavirus, les autorités du pays ont récemment décidé de ne plus tenir compte de cette éventualité. Or, quelques jours auparavant, le gouvernement sud-africain avait demandé à l’entreprise de service public Eskom, de lancer un appel d’offres pour lui fournir une alimentation de secours. Les soumissions devaient être clôturées le 30 avril 2020.
Avant le Covid-19, Eskom était régulièrement contraint de mettre en place des coupures d’électricité à cause de ses usines vieillissantes. Ces infrastructures ne pouvaient plus fournir une production suffisante. Mais la donne a subitement changé. La demande en électricité a chuté de 9 000 MW dans le pays depuis l’entrée en vigueur du confinement le 27 mars 2020, pour limiter la propagation de la pandémie du coronavirus dans le pays. « La consommation d’électricité a chuté dans le pays et nous a laissé une capacité excédentaire. Toutefois, nous nous attendons à ce que la demande d’électricité augmente plus ou moins au même niveau qu’auparavant après la pandémie. Cela signifie qu’il sera toujours nécessaire d’augmenter la contribution des producteurs indépendants d’électricité au réseau », affirme Eskom. Pour l’heure, la date du prochain appel d’offres reste inconnue.
Une situation qui fâche
La décision d’Eskom de revenir sur ses contrats déjoue les plans des investisseurs et porte un coup de canif à la confiance que ceux-ci ont dans l’engagement du gouvernement sud-africain à s’approvisionner en énergies renouvelables supplémentaires. Selon certains d’entre eux, les investissements dans les projets d’énergies renouvelables sont basés sur des rendements à 20 ans, et si les contrats de revente d’électricité ne se concrétisent pas comme prévu, le coût du financement des projets futurs augmentera mécaniquement. Futuregrowth Asset Management, le plus grand gestionnaire de fonds d’obligations spécialisé du pays, a ainsi déjà investi plus de 8 milliards de rands (plus de 421 millions de dollars) dans des projets liés à l’énergie en Afrique du Sud.
Selon Ntombifuthi Ntuli, le directeur général de l’Association sud-africaine de l’énergie éolienne, les producteurs comptent encore sur le gouvernement pour mettre en œuvre son plan énergétique. Celui-ci déterminera la capacité de production qu’il faudra acquérir au cours de la prochaine décennie.
Inès Magoum