Le Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue) est formel. Les activités du Conseil pour la recherche scientifique et industrielle (CSIR) de l’Afrique du Sud, comme celles des quatre autres lauréats de l’édition 2023 du prix « Champions de la Terre », ont des effets transformateurs sur l’environnement. Cette année, les distinctions récompensent les solutions innovantes pour lutter contre la pollution plastique. Des distinctions ont également été décernées à Josefina Belmonte, la maire de Quezon City (Philippines), la Fondation Ellen MacArthur (Royaume-Uni), l’entreprise Blue Circle (Chine), et l’entrepreneur José Manuel Moller (Chili)
« Alors que les négociations visant à élaborer un instrument international juridiquement contraignant sur la pollution plastique progressent, les Champions de la Terre 2023 démontrent qu’il existe des solutions innovantes qui peuvent nous inciter à repenser notre rapport au plastique », a déclaré Inger Andersen, la directrice exécutive du Pnue à Nairobi au Kenya, lors de la proclamation des résultats.
Le CSIR, la seule organisation africaine de la cohorte, s’est démarqué dans la catégorie « Science innovation » pour ses travaux novateurs qui repoussent les limites des connaissances et des technologies en matière de gestion des déchets plastiques. Les autres catégories du prix « Champions de la Terre » sont « Leadership politique », « Inspiration et action », « Vision entrepreneuriale ».
Des sacs et des caisses en plastiques 100 % biodégradables
En Afrique du Sud, environ 90 % des sacs de caisse, des films agricoles et d’autres articles de consommation en plastique à court terme ou à usage unique sont produits à partir de matériaux chimiques à base de pétrole et ne sont donc pas biodégradables lorsqu’ils sont jetés la nature, selon Sudhakar Muniyasamy, chercheur principal au CSIR. Pour réduire l’impact de ces déchets sur l’environnement, le CSIR a notamment mis au point une technologie bioplastique permettant de produire un plastique 100 % biodégradable et compostable. Cette technologie permet de fabriquer des produits en plastique à usage unique qui, lorsqu’ils se retrouvent dans les décharges, se biodégradent en 180 jours. Associés à des déchets organiques, les produits bioplastiques peuvent se transformer en compost en 90 jours, sans laisser de résidus toxiques.
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« Notre technologie bioplastique est basée sur l’utilisation de biopolymères et de sous-produits de déchets agricoles tels que l’amidon, la cellulose et le glycérol. Grâce à une utilisation intelligente d’additifs, nous avons créé des formulations uniques pour modifier les propriétés par le biais d’une technique de traitement par fusion. Nous avons ainsi obtenu des granulés qui peuvent être transformés en films pour sacs de transport, sacs pour déchets de cuisine, films de paillage et films d’emballage, ainsi qu’en produits de coutellerie rigides », expliquait Sudhakar Muniyasamy en 2021. Cette technologie peut également aider les acteurs des secteurs de l’agriculture, de la médecine et de l’hôtellerie qui recherchent des méthodes d’emballage écologiques.
Un appui technique aux acteurs du secteur des déchets en Afrique du Sud
Outre la conception de solutions innovations face à la pollution plastique, le CSIR fournit un accompagnement technique aux acteurs du secteur des déchets, notamment sur la modélisation de solutions et de stratégies d’intervention pour lutter contre la pollution plastique. Pour mémoire, l’Afrique du Sud génère 2,4 millions de tonnes de déchets plastiques chaque année, selon le Fonds mondial pour la nature (WWF), dont à peine 14 % sont recyclés.
Et dans le monde entier, ce sont 23 millions de tonnes de déchets plastiques qui sont déversées dans les écosystèmes aquatiques chaque année, polluant les lacs, les rivières et les océans. L’être humain n’est pas épargné par les risques liés à la pollution plastique, car les substances chimiques contenues dans les plastiques peuvent également causer des problèmes de santé.
Inès Magoum