Face à de graves pénuries d’eau qui entravent la croissance industrielle et limitent le développement social dans la région de Limpopo, l’une des neuf provinces d’Afrique du Sud, le gouvernement apporte des réponses concrètes. C’est à cette faveur qu’il a lancé, à travers la Trans-Caledon Tunnel Authority (TCTA) en 2010, le Projet Mokolo Crocodile Water Augmentation Project (MCWAP) qui vise à construire deux principaux systèmes de transfert d’eau brute en vrac. Les travaux du premier lot ont été livrés en juin 2015. Ils comprenaient la construction d’une station de pompage au barrage de Mokolo et de 43 km de nouvelles canalisations jusqu’à Lephalale, qui approvisionnent divers utilisateurs finaux.
La deuxième phase du projet d’eau potable, MCWAP-2A, lancée en juin 2019, vient d’enregistrer un financement supplémentaire de 4,5 milliards de rands sud-africains (environ 250 millions de dollars) de Nedbank Corporate and Investment Banking (CIB). Le prêt a été accordé le 11 juillet 2024 par la banque sud-africaine. « Nous comprenons que l’accès à l’eau est un droit constitutionnel, et cette transaction est un exemple de la manière dont nous soutenons le gouvernement pour assurer la disponibilité et la gestion durable de l’eau et de l’assainissement pour tous », a affirmé Phuti Mokwatedi, le responsable du secteur des entreprises publiques chez Nedbank basé à Johannesburg. Cette étape du projet est mise en oeuvre par le consortium GBN, formé de trois entreprises à savoir : Gibb, Bigen Africa Services et Nyeleti Consulting.
À en croire la TCTA, pour réaliser l’ensemble des composantes de la phase 2 du projet d’eau potable, il faudra mobiliser un total de 12,3 milliards de rands sud-africains, plus de 674 millions de dollars.
La production de 75 millions de m3 d’eau par an
La TCTA construira dans le cadre du MCWAP-2A, un barrage de captage, des stations de pompage ultramodernes et un réseau de transport de 160 km pour acheminer l’eau de la rivière Crocodile (Ouest) jusqu’à Lephalale. Une fois achevées, les infrastructures fourniront 75 millions de m3 d’eau par an. Une partie de cette eau sera destinée à accompagner deux projets de la compagnie publique d’électricité sud-africaine Eskom. Il s’agit de la centrale à charbon de Matimba d’une capacité fonctionnelle de 3 990 MW, mise en service en plusieurs phases entre 1988 et 1993. Le deuxième projet est la centrale thermique de Medupi, encore en construction, près de la ville d’Illisras. Elle affichera une capacité de 4 800 MW. Concrètement, dans la future centrale de Medupi, l’eau servira au fonctionnement du système de désulfuration des gaz de combustion.
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Une autre partie de cette ressource sera destinée à la mine de charbon à ciel ouvert de Grootegeluk, dans le champ de Waterberg, exploité par le géant minier sud-africain Exxaro. La quantité d’eau restante sera pour approvisionner les municipalités locales.
« Les lâchers d’eau des barrages de la rivière Crocodile (Ouest) en amont des ouvrages de captage de Vlieëpoort répondront aux besoins en eau du MCWAP-2A. Les barrages identifiés comme sources potentielles d’eau primaire sont Hartbeespoort et Roodekopjes sur la rivière Crocodile (Ouest), Roodeplaat et Klipvoor sur la rivière Moretele (Pienaars) et Vaalkop sur la rivière Elands. Tous les utilisateurs actuels s’attendent à une augmentation de la demande en eau dans les années à venir », indique la TCTA.
Après MCWAP-2A, suivront deux autres phases qui permettront respectivement la pose d’une canalisation en amont pour contourner la rivière si les pertes d’acheminement s’avèrent excessives, et la mise en place d’un schéma de transfert de la rivière Klip de Johannesburg pour augmenter le débit de la Crocodile River s’il s’avère que l’excédent de la rivière est insuffisant pour approvisionner le système.
Les populations de la municipalité de Lephalale en particulier, et de la région de Limpopo en générale pourront bénéficier de l’eau potable de manière continue à compter de mai 2026, date d’achèvement de l’ensemble travaux du Projet Mokolo Crocodile Water Augmentation Project (MCWAP).
Inès Magoum