Une révolution d’énergie verte est en voie de déclenchement dans les grandes villes sud-africaines à l’instar de Johannesburg au nord-est et de Cape Town, située sur la côte sud-ouest d’Afrique du Sud. Le ministère de l’Énergie a décidé, ce mois d’octobre 2020, d’accorder la permission aux grandes villes de s’approvisionner en électricité directement auprès des producteurs indépendants d’électricité (IPP) d’origine renouvelable.
Cette possibilité tant attendue avait d’ailleurs fait l’objet d’une plainte déposée en février 2019 par la ville du Cap contre le ministère de l’Énergie. « La ville se bat pour son droit d’acheter de l’énergie propre directement auprès IPP. Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour sortir de notre dépendance à Eskom pour la satisfaction de nos besoins énergétiques. Dans le même temps, nous essayons d’être plus résilients au climat et plus écologiques en ayant recours aux sources d’énergie propre et le gaz » a alors soutenu Phindile Maxiti, le directeur en charge de l’énergie et du climat de la ville du Cap.
Le pays produit autant de CO2 que le Royaume-Uni, dont l’économie est 8 fois plus grande
La permission du ministère d’Énergie permet ainsi aux grandes villes sud-africaines de se sevrer progressivement du service public de l’électricité assuré par l’Eskom, qui les a soumis à des délestages intempestifs au cours des 13 dernières années. Outre l’indépendance énergétique, cette mesure permet également aux grandes villes sud-africaines de participer à l’action climatique en réduisant leur recours au charbon qui fournit plus de 90 % de l’énergie distribuée par l’Eskom. L’entreprise est en effet la plus grande pollueuse du pays, avec environ 40 % des émissions de gaz à effet de serre. Son parc de centrales à charbon pousse le pays à produire la même quantité de gaz à effet de serre que le Royaume-Uni, dont l’économie est huit fois plus grande.
Maintenant que l’approvisionnement direct auprès des IPP renouvelables est permis, Johannesburg, la plus grande ville et centre financier du pays envisage de s’approvisionner en électricité à partir de centrales solaires et de décharges, où le gaz issu des ordures en décomposition peut être utilisé pour produire de l’électricité. Alors que la ville du Cap prévoit de construire une centrale solaire photovoltaïque de 300 mégawatts d’ici 2023. « Si toute la clarté est obtenue et si les plans vont de l’avant, nous pourrions commencer à voir une plus grande diversification de nos ressources énergétiques en tant que ville dans environ trois à cinq ans », affirme Kadri Nassiep, directeur exécutif du Cap pour l’énergie et le changement climatique.
Boris Ngounou