C’est une avancée majeure pour les défenseurs des droits humains, à l’instar de Human Rights Watch. Un tribunal sud-africain vient de rendre un jugement pointant du doigt le niveau « dangereux » de pollution atmosphérique de la province de Mpumalanga, qui constitue « une violation du droit constitutionnel des résidents à un environnement qui ne soit pas préjudiciable à leur santé et à leur bien-être ».
Les résultats d’une étude réalisée via des satellites de la National Aeronautics and Space Administration (Nasa) a révélé en 2019, une forte concentration du dioxyde de soufre (SO2) dans la province du Mpumalanga, principalement dans la ville de Kriel peuplée de plus de 15 000 habitants. Pourtant, le SO2 est un polluant toxique qui peut entraîner des infections des voies respiratoires inférieures, un risque accru d’accident vasculaire cérébral et de décès par diabète. Les émissions de SO2 contribuent également à la formation secondaire d’un polluant dangereux, les particules fines (PM 2,5), qui, selon les experts, est lié à un certain nombre de maladies graves, dont le cancer du poumon.
Un délai de 12 mois pour agir face à la pollution
L’air de la province du Mpumalanga est également fortement pollué par le dioxyde d’azote (NO2), un gaz toxique suffocant à l’odeur âcre et piquante. Ces gaz concentrés émanent de la combustion du charbon qui sert à produire de l’électricité dans le Mpumalanga. La province sud-africaine est considérée comme l’un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre (GES) à cause de ses 12 centrales à charbons fournissant 90 % de l’électricité en Afrique du Sud.
Lire aussi- AFRIQUE DU SUD : Eskom va réduire l’utilisation du charbon pour 12 GW d’ici à 2031
Le gouvernement sud-africain veut désormais sortir de sa dépendance par rapport au charbon, en misant sur les énergies renouvelables. Mais ce processus devrait prendre du temps. C’est la raison pour laquelle la justice exige du ministre de sud-africain de l’Environnement, la promulgation de règlements visant à améliorer la qualité de l’air dans les 12 mois suivant le jugement.
« La pollution atmosphérique est un tueur silencieux à l’échelle mondiale, que l’Organisation mondiale de la santé associe à 8 millions de décès prématurés par an, dont ceux de 600 000 enfants », rappelle Human Rights Watch. La pollution atmosphérique affecte particulièrement les enfants, les personnes âgées et les personnes souffrant d’affections telles que l’asthme. Ce jugement d’un tribunal sud-africain fait suite à un dossier introduit en 2019 par groundWork et Vukani Environmental Justice Movement in Action (VEM). Dans cette affaire, ces deux organisations de défense de l’environnement accusaient le gouvernement sud-africain de non-respect de sa réglementation de 2012 censée fixer les limites de pollution atmosphérique.
Jean Marie Takouleu