En Afrique du Sud, les trophées de chasse sont au centre d’un grand débat, depuis que le Royaume-Uni a mis fin à l’importation de ces têtes d’animaux sauvages. Entre les besoins de financement pour la conservation et la protection d’espèces en danger, tous les protagonistes disent viser un même objectif, la préservation de la biodiversité.
Dépenser d’énormes sommes d’argent pour aller tuer des animaux sauvages en Afrique et en exhiber les têtes dans son domicile, pourrait ne plus être possible pour les Anglais. Le gouvernement britannique a lancé le 10 décembre 2021, une campagne pour interdire l’importation de trophées de chasse. L’objectif est de soutenir la conservation à long terme des espèces animales et protéger les plus menacées au monde, y compris les « Big Five » fréquemment abattus (lions, léopards, rhinocéros, éléphants et buffles).
« Le projet de loi du gouvernement semble être l’interdiction la plus sévère au monde. C’est le leadership que nous réclamons pour sauver les espèces en voie de disparition et aider à mettre fin à ce terrible commerce. J’exhorte le gouvernement à présenter le projet de loi au Parlement dès que possible et je demanderai aux députés de l’appuyer.» affirme le conversationniste britannique Eduardo Gonçalves, fondateur de la Campagne pour interdire la chasse aux trophées.
La campagne est soutenue par le gouvernement britannique, à travers son secrétaire à l’Environnement, George Eustice. « Nous sommes consternés à l’idée que des chasseurs rapportent des trophées et exercent une pression accrue sur certains de nos animaux les plus emblématiques et les plus menacés » s’indigne George Eustice.
Une campagne dénoncée en Afrique du Sud
L’Afrique du Sud ne voit pas d’un bon œil la campagne du gouvernement britannique visant à bannir l’importation des trophées de chasse. Le pays craint de perdre les énormes bénéfices qu’il tire de cette activité récréative. « Les interdictions sont inutiles et compromettront la conservation des espèces et auront un impact négatif sur le bien-être des populations locales, y compris celles qui sont les plus vulnérables. La chasse aux trophée, est un moyen utile de gestion de la faune, qui est utilisé pour « éliminer [principalement] les mâles en excès d’une population, tandis que des revenus sont générés en même temps pour couvrir les coûts des efforts de conservation» explique Albi Modise, le porte-parole du département sud-africain des Forêts, de la Pêche et de l’environnement.
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Selon l’organisation américaine Humane Society International (HSI), l’Afrique du Sud a exporté 21 018 trophées entre 2014 et 2018 avec la couverture de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites). Le Royaume-Uni a importé 305 trophées au cours de cette période.
Pour soutenir son opposition à la chasse au trophée, HSI fait le rapport financier entre un animal abattu par la chasse sportive et celui visité par des touristes. «Un chasseur de trophées peut payer 40.000 dollars pour abattre un éléphant mâle. Mais un éléphant vivant générerait 23.000 dollars par an grâce au photo-tourisme : ce qui signifie que cet éléphant soulève une valeur potentielle de 1,6 million de dollars tout au long de sa vie», explique HSI.
Boris Ngounou