Avec un peu plus de 460 000 tonnes métriques de CO2 émises en 2018, l’Afrique du Sud, premier pollueur du continent africain suivi de loin par l’Égypte (238 816 tonnes métriques de CO2 en 2018), veut inverser la tendance. Après avoir adopté une taxe carbone en mai 2019, le pays d’Afrique australe se lance dans les technologies de captage et de stockage de carbone (CSC). La cartographie géologique du site devant abriter la première usine de CSC de l’Afrique du sud a démarré le 24 août 2021 dans le nord-est du pays, plus précisément à Léandra, une ville considérée comme un point chaud en matière d’émissions de carbone en raison de ses nombreuses centrales à charbon. Elle abrite aussi Secunda, la plus grande usine au monde de conversion de charbon en carburant liquide, construite par Sasol, le géant sud-africain de la chimie.
La première usine de CSC de l’Afrique du Sud entrera en service en 2023, pour une capacité de captage et de stockage de CO2 qui reste à déterminer. Le projet est financé par la Banque mondiale à hauteur de 23 millions de dollars. Nées au cours des années 70, les technologies de captage et de stockage de CO2 consistent à récupérer, comprimer, transporter via des pipelines le carbone issu des processus de production industrielle, puis à l’injecter dans le sous-sol (aquifères profonds, gisement de pétrole ou de gaz en fin d’exploitation, ou encore des veines de charbon non exploitées).
Le CSC, une technologie peu sollicitée
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime que le CSC pourrait contribuer à 20 % des efforts de réduction des émissions en 2050. Ces technologies sont toutefois très peu présentes dans les chaines de valeurs industrielles dans le monde. Selon l’AIE, en 2016, seulement 0,1% des investissements totaux dans l’énergie basse carbone ont été faits dans le CSC. C’est 1,2 milliard de dollars, contre 297 milliards de dollars investis dans les énergies renouvelables et 231 dans l’efficacité énergétique.
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L’Agence française pour la transition énergétique (Ademe), explique la faible adhésion au CSC par le coût élevé de la technologie, soit 100 à 150 euros par tonne de CO2 évité. On lui reproche surtout d’être une solution uniquement compatible avec des sites très fortement émetteurs, nécessitant en plus des adaptations au cas par cas. Mais le cabinet de conseils en ressources naturelles Wood Mackenzie a néanmoins produit une étude dans laquelle il estime qu’elles peuvent répondre efficacement à la problématique mondiale de l’élimination du carbone, si des économies d’échelle sont réalisées dans ce sens.
Boris Ngounou