En Afrique du Sud, les organisations de défense de l’environnement Earthlife Africa et groundWork, Friends of the Earth ont finalement obtenu gain de cause. La Haute Cour de la capitale Pretoria annule une décision précédente de justice, approuvant la construction d’une centrale à charbon de 1 200 MW dans la province de Limpopo.
La Haute Cour de Pretoria a indiqué que la plainte d’Earthlife Africa et de groundWork montre que la mise en œuvre du projet de centrale à charbon serait une catastrophe climatique et environnementale. L’évaluation de l’impact environnemental de la centrale de Thabametsi a montré qu’il s’agirait de l’une des centrales les plus émettrices au monde (136 100 000 tonnes de dioxyde de carbone), soit 60 % de plus que Medupi, une autre centrale électrique à charbon située dans la municipalité locale de Lephalale, toujours dans le Limpopo. « Le dialogue constant avec les personnes et les organisations communautaires vivant dans les zones touchées par le charbon a été essentiel pour établir un lien entre la mauvaise santé des populations, la pauvreté et la destruction de leur environnement, leurs moyens de subsistance et l’industrie du charbon », affirme Thomas Mnguni, responsable de la campagne du charbon de l’organisation GroundWork basée dans la province de Mpumalanga.
Le retrait des partenaires financiers
Le projet de centrale à charbon développé par la société Thabametsi avec le soutien de l’État sud-africain n’est pas à son premier litige. En 2017, Earthlife Africa a contesté l’approbation environnementale de la centrale de Thabametsi devant un tribunal, représenté par le Centre for Environmental Rights. Au début de l’année 2018, le ministère sud-africain de l’Environnement a de nouveau confirmé l’autorisation environnementale du projet, en se basant sur le fait que le plan intégré de ressources pour l’électricité (IRP) de 2010 prévoyait de nouvelles capacités de production d’électricité à partir de charbon et avait déjà évalué les impacts du projet sur l’environnement.
Mais le coup fatal donné au projet de Thabametsi aura été le retrait de tous les investisseurs, notamment les banques privées Standard Bank, FirstRand, Nedbank et Absa ; ainsi que la Banque de développement d’Afrique du Sud, la Commission des investissements publics et la Société de développement industriel du pays. Les investisseurs Kepco (Korea Electric Power Corporation) de la Corée du Sud et Marubeni du Japon ont également annoncé leur retrait.
Des projets de centrale à charbon contestés en Afrique du Sud
L’annulation du projet de centrale à charbon de Thabametsi permettra également à l’État sud-africain d’économiser jusqu’à 12,57 milliards de rands (plus de 825,3 millions de dollars), qui auraient été débloqués pour la centrale ; ainsi que d’économiser d’énormes quantités d’eau dans une région où cette ressource est rare.
Le combat d’Earthlife Africa et de groundWork ne s’achève pas avec l’annulation du projet de Thabametsi. Ces ONG plaident actuellement en faveur de l’annulation d’un autre projet développé par l’entreprise Khanyisa. Le projet de centrale à charbon développé à Mpumalanga et soutenu par la société saoudienne ACWA Power devrait, s’il est mis en œuvre, émettre 75 900 000 de dioxyde de carbone et gaspiller 720 000 m3 d’eau en Afrique du Sud, pendant 30 ans.
Anne-Gaëlle David (stagiaire)