Il y a de cela quelques mois, le gouvernement sud-africain dirigé par Jacob Zuma avait gelé une bonne partie des projets de construction de centrales solaires et éoliennes, privilégiant le nucléaire et le charbon. Le nouveau gouvernement dirigé par Cyril Ramaphosa a annoncé vendredi, 1er juin 2018 le lancement d’un appel à contrat qui devrait permettre à plusieurs opérateurs privés de produire de l’énergie verte pour soutenir la croissance de la nation arc-en-ciel.
À partir du mois de novembre, plusieurs projets vont être sélectionnés. Ceux qui seront retenus recevront le soutien du gouvernement qui s’engage à les financer à hauteur de 50 milliards de rands, soit 3,95 milliards de dollars. Une décision, qui intervient après la validation en mars 2018 de quelques 27 contrats de construction de centrales d’énergies renouvelables, initiés puis enterrés sous le gouvernement Zuma, d’une valeur cumulée estimée à 4,7 milliards de dollars, pour une capacité estimée à 2 300 MW.
Un pays encore très dépendant des énergies fossiles
Le gouvernement en place depuis février 2018 en Afrique du Sud a annoncé, par la voix de son ministre de l’Énergie Jeff Radebe qu’il allait intensifier l’utilisation du gaz liquéfié pour la production d’électricité. Pour cela, il compte importer cette source d’énergie de la Tanzanie et du Mozambique qui disposent d’importante réserve de gaz.
Par ce choix, l’Afrique du Sud veut réduire sa dépendance aux énergies fossiles à plus forte émission de CO2, qui contribuent à plus de 88 % dans sa production d’électricité. Le charbon reste la source d’énergie la plus utilisée (87 % en 2015), suivi des énergies renouvelables (8 %) produites notamment à partir de la biomasse et le nucléaire (1,9 %). Cette dépendance au charbon n’a rien d’étonnant puisque l’Afrique du Sud est l’un des plus gros producteurs de ce combustible dans le monde.
Le pays de Nelson Mandela produit plus de 257 millions de tonnes de charbon par an, ce qui le propulse à la 7e place dans le monde. Et il dispose encore de très grandes réserves, estimées à plus de 9,5 milliards de tonnes. Une quantité de charbon qui peut permettre au pays de faire tourner ses réacteurs pendant encore 39 années, s’il maintient son niveau de 2016 (142,6 millions de tonnes selon les statistiques officielles). Cet appel d’offres à l’intention des producteurs privés d’énergie propre est un premier pas pour réduire l’utilisation du charbon qui émet également des particules fines dans l’atmosphère.
Jean Marie Takouleu