L’étau se resserre un peu plus autour des braconniers en Afrique du Sud. Après avoir adopté diverses solutions de protection des parcs nationaux, le gouvernement sud-africain a décidé de s’associer aux organisations de défense de la nature pour renforcer la protection des rhinocéros, une espèce de grand mammifère dont le monde entier a célèbré sa journée ce 22 septembre 2020.
Le nouveau plan des autorités sud-africaines sera appliqué à travers l’initiative « Zones de faune sauvage ». Son but est de rassembler les stratégies et les technologies anti-braconnage éprouvées au niveau national pour protéger collectivement les rhinocéros noirs et blancs d’Afrique du Sud. Le pays abrite la plus grande population mondiale de rhinocéros, 80 % selon l’International Rhino Foundation.
Des signaux positifs
En concentrant la plus grande population mondiale de rhinocéros, l’Afrique du Sud est aussi devenue l’épicentre du braconnage de l’espèce. Si le record du braconnage a été observé en 2014 avec 1 215 individus massacrés pour leurs cornes, la situation s’est améliorée ces dernières années. En 2018, 769 rhinocéros ont été braconnés en Afrique du Sud, et 594 en 2019 selon le gouvernement.
Ces animaux sont abattus pour leurs cornes. Cette excroissance fibreuse est principalement composée de kératine, la même substance qui compose nos ongles. La corne de rhinocéros est vendue en Asie du Sud-est, notamment sur le marché noir en Chine et au Japon où elle est utilisée dans la médecine traditionnelle. L’initiative « Zones de faune sauvage » lancée ce 22 septembre 2020 par le ministère sud-africain de l’Environnement, des Forêts et de la Pêche a pour vocation le renforcement des acquis de la lutte contre le braconnage des rhinocéros.
Un programme mis en œuvre en plusieurs phases
Le nouveau programme sera mis en œuvre avec l’appui de la Peace Parks Foundation grâce à un financement du Bureau of International Narcotics and Law Enforcement Affairs (INL) du Département d’État américain ; ainsi que par les loteries de codes postaux populaires néerlandaise, suédoise et britannique. « L’initiative des Zones de protection de la faune sauvage mettra en place un mécanisme novateur qui, tout en donnant aux autorités l’avantage nécessaire sur les réseaux criminels du pays, permettra de cultiver la durabilité de la protection des rhinocéros en Afrique du Sud et dans la région », affirme Werner Myburgh, le directeur général de la Peace Parks Foundation.
L’initiative sera mise en œuvre en plusieurs étapes dont la première permettra la création de l’Environmental Enforcement Fusion Centre (EEFC). Ce centre d’excellence coordonnera dans un premier temps l’engagement tactique entre le gouvernement, les propriétaires de rhinocéros et les organisations non gouvernementales (ONG) en Afrique du Sud. Il coordonnera ensuite les efforts nationaux dans les zones de conservation de la faune sauvage. Un élément majeur de cette initiative sera le suivi, l’évaluation et l’adaptation des interventions de protection conjointes des rhinocéros.
L’implémentation sur le terrain
La deuxième étape de l’initiative du gouvernement sud-africain sera le partage des connaissances acquises afin de promouvoir à la fois les meilleures pratiques et l’allocation des ressources. La phase 3 est une étape de terrain qui se concentrera sur la protection conjointe du troupeau national (Afrique du Sud) de rhinocéros en mettant en œuvre des stratégies, en comblant les lacunes et en établissant des capacités et « des solutions de base adaptées à la protection des rhinocéros dans chaque zone ».
« Dans un premier temps, des organisations privées, publiques et non gouvernementales seront engagées, par l’intermédiaire du Comité national de lutte contre le braconnage des rhinocéros, pour officialiser les sept zones de protection de la faune sauvage. Dans le cadre de cette troisième intervention, l’initiative des zones de faune sauvage vise à identifier, formaliser et établir des structures participatives d’engagement des parties prenantes et des communautés », indique Peace Parks Foundation. La dernière phase aura pour objectif le renforcement du tableau des renseignements nationaux sur la criminalité liée aux espèces sauvages en Afrique du Sud en réunissant les meilleurs analystes de la criminalité liée aux espèces sauvages ainsi que les services et organismes gouvernementaux de conservation de l’environnement.
Jean Marie Takouleu