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AFRIQUE : eau, électricité, déchets… les services essentiels à l’heure du Covid-19

AFRIQUE : eau, électricité, déchets… les services essentiels à l’heure du Covid-19©Hysacam

Il est 7 heures à Biyem-Assi, un quartier populaire de la ville de Yaoundé, au Cameroun. Ce matin-là, la population se réveille timidement après la longue pluie qui s’est abattue dans la ville. Sur l’une des hauteurs du quartier Biyem Assi, les coups de klaxon stridents se font entendre. Ce bruit persistant signale l’arrivée du camion société Hygiène et salubrité du Cameroun (Hysacam) qui assure la gestion des déchets dans plusieurs villes du pays.

Hommes, femmes et enfant, sortent et s’amassent au bord de la route petite route non bitumée, munie de leurs sacs-poubelle. Depuis le début de la crise sanitaire engendrée par le Covid-19, le passage des camions d’Hysacam est de plus en plus fréquent. Habituellement, les familles de Biyem Assi déversent leurs déchets dans la petite rivière qui se faufile entre les concessions. La benne à ordure étant installée à plusieurs kilomètres de là. Au Cameroun, comme ailleurs en Afrique, les entreprises de service public s’adaptent à la nouvelle cadence provoquée par les restrictions dans le déplacement des populations.

Le traitement des déchets du centre d’isolement de Sidi Bouzid en Tunisie

La cadence s’est également accélérée dans la collecte des déchets en Algérie. Dans la wilaya d’Alger, l’entreprise Extranet a doublé les patrouilles de collecte de déchets en journée, tout en maintenant les patrouilles nocturnes, à 20 heures et 23 heures. Par ailleurs, la société dit avoir mis en service toute sa flotte de 315 camions bennes-tisseuses qui collectent 1 700 tonnes de déchets par jour dans les 30 communes du grand Alger.

Le service de collecte des déchets se renforce également en Tunisie. Le gouvernement de cet autre pays d’Afrique du Nord a mis en place un système de traitement des déchets médicaux issus du Centre d’isolement obligatoire des malades de Covid-19, à Sidi Bouzid. La gestion de ce système a été confiée à une entreprise privée. Après la collecte, les ordures sont désinfectées, puis transportées vers une usine de traitement des déchets dangereux.

La gratuité de l’eau

« Se laver les mains avec de l’eau propre et du savoir ». C’est l’un des gestes « barrière » pour limiter la propagation du coronavirus. Mais ce geste de protection n’est malheureusement pas à la portée de tous en Afrique. Le Rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau (2019) indique qu’en Afrique subsaharienne, seulement 24 % de la population a accès à une source sûre d’eau potable.

Pour faciliter le lavage des mains, certains États africains ont temporairement rendu l’eau du réseau gratuite. C’est le cas au Togo où cette mesure est en vigueur depuis le début du mois d’avril 2020. Le gouvernement du Ghana a pris une décision similaire, ainsi que le gouvernement gabonais qui distribue l’eau via des camions plateaux dans les quartiers de la capitale Libreville non desservis par le réseau. En Côte d’Ivoire, les autorités ont décidé de reporter pour l’ensemble des ménages, des dates limites de paiement, d’avril et mai 2020, des factures d’eau. La date limite de paiement d’avril est reportée à juillet 2020, et celle de mai à août 2020. Cette mesure concerne plus d’un million de ménages, soit plus de 6 millions d’Ivoiriens.
Pendant ce temps, la Société d’énergie et d’eau du Gabon (Seeg) a mis sur pied en quelques jours l’opération « Mains propres » : de l’eau et un dispositif d’appoint pour le lavage des mains sont distribués aux personnes vivant dans les quartiers défavorisés de la capitale gabonaise.

Les difficultés dans l’approvisionnement en électricité

En Côte d’Ivoire, le report des échéances de payement de factures concerne également l’électricité. « Les populations disposent d’un délai supplémentaire de trois mois pour s’acquitter de ces factures. Cette mesure signifie qu’aucune pénalité ne sera appliquée aux clients, et qu’il n’y aura aucune suspension de la fourniture d’électricité, pour cause d’impayés, à compter de ce jour (1er avril 2020), et ce, jusqu’à ces nouvelles dates limites de paiement. Par ailleurs, le règlement de ces factures peut se faire, en plusieurs paiements, sur la période du report », indiquait au début du mois d’avril Abdourahmane Cissé, le ministre ivoirien du Pétrole, de l’Énergie et des Énergies renouvelables.

Au-delà des mesures prises par les autorités pour alléger les dépenses des ménages, les réseaux électriques nationaux faiblissent avec les populations confinées chez elles. Dans les grandes villes de plusieurs pays africains, les médias nationaux rapportent les délestages et l’application dans certains cas de rotations par quartier dans l’approvisionnement en électricité.

C’est dans ce contexte que le gouvernement du Nigeria a décidé d’installer des systèmes de solaire hybrides pour réduire les effets des délestages dans les centres de prise en charge des malades du Covid-19. Des mini-centrales solaires hybrides ont été installées par l’Agence d’électrification rurale (REA) du Nigeria dans les centres de soins pour les personnes infectées par le nouveau coronavirus dans le Territoire de la capitale fédérale, dans l’État de Lagos, ainsi que l’État Ogun au sud-ouest du Nigeria.

Les premiers impacts du Covid-19 sur la production des énergies renouvelables en Afrique

Pour l’heure, les spécialistes n’ont pas encore estimé les conséquences de la pandémie du Covid-19 sur la production des énergies renouvelables en Afrique. Selon le cabinet-conseil norvégien Rystad Energy, des projets solaires et éoliens seront suspendus en 2020, « créant un effet d’entraînement dans les années à venir, alors que les monnaies du monde entier continuent de dégringoler face au dollar américain ». Selon la même source, certaines entreprises choisissent d’interrompre le développement de leur projet en passant des contrats pour les composants clés, qui sont généralement achetés en dollars américains.

Le Covid-19 touche ainsi l’entreprise Ncondezi Energy qui a suspendu récemment la mise en œuvre de son projet de construction d’un système solaire pour une entreprise au Mozambique. Avec une capacité attendue de 400 kW, le projet est développé dans le cadre d’un partenariat avec GridX Africa, un fournisseur de solutions solaires et de stockage d’électricité pour les entreprises en Afrique subsaharienne.

Pendant ce temps, Winch Energy veut fournir des cliniques conteneurisées faciles à déployer et alimentées à l’énergie solaire.

Jean Marie Takouleu

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