Ça bouge sur l’off-grid solaire en Afrique. Engie vient d’acquérir Mobisol, un fournisseur de kits solaires à domicile. Il s’agit d’un acteur important qui fournit l’accès à l’électricité dans les zones rurales au Rwanda, en Tanzanie et au Kenya.
Dans les villages non desservis par les réseaux nationaux d’électricité, Mobisol fournit des kits composés de panneaux et de batteries pour le stockage de l’électricité. Cet équipement qui fournit au moins 40 W d’électricité permet aux populations de bénéficier de l’électricité de jour comme de nuit. Les petits commerces bénéficient également de kits solaires avec une capacité pouvant atteindre 200 W.
Un investissement stratégique pour Engie
Dans les zones reculées d’Afrique de l’Est, un foyer qui bénéficie du service de Mobisol dispose de trois ans pour rembourser les coûts du kit solaire installé dans la maison. Il peut ainsi payer par petit montant (pay-as-you-go) via le « mobile banking », un service disponible dans plusieurs villages. Grâce à cette méthode, l’entreprise a fourni des équipements qui, cumulés, produisent plus de 12 MW d’électricité par jour. L’entreprise fondée en 2011, emploie plus de 500 personnes et travaille avec plus de 1200 installateurs prestataires en Afrique de l’Est. Où Mobisol a déployé plus de 150 000 installations solaires domestiques, fournissant une énergie propre et fiable à plus de 750 000 personnes. Engie va pourvoir combiner ses systèmes d’énergie solaire domestiques intégrés aux produits à usage professionnel de Mobisol, pour proposer une gamme diversifiée de produits énergétiques abordables afin d’atteindre la clientèle des zones rurales et des zones urbaines.
Dans les villages africains, les populations utilisent des lampes à pétrole pour s’éclairer la nuit. Une solution moins efficace et très polluante. Les kits solaires de Mobisol permettent ainsi d’éviter les émissions de 60 000 tonnes de CO2 par an. L’entreprise qui emploie à ce jour plus de 500 personnes s’est donné pour objectif de fournir l’accès à l’électricité à 20 millions de personnes en Afrique au sud du Sahara d’ici 2023. Un objectif qu’Engie devrait poursuivre dans les années à venir.
Engie se renforce dans l’off-gid en Afrique
« Avec l’acquisition de Mobisol, Engie élargit son accès à un marché de millions de personnes qui ne sont pas connectées aux réseaux électriques et s’impose comme le leader du marché sur le continent », affirme Isabelle Kocher, la directrice générale d’Engie. Cette opération permet aussi à l’entreprise française de se renforcer sur l’échiquier énergétique du continent africain, particulièrement dans l’off-grid solaire. Elle déploie actuellement ses PowerCorner en Zambie. Il y a de cela quelques mois, elle a installé ce mini-grid conteneurisé dans le village de Chitandika, dans le nord-est du pays. Cette installation facile à déployer affiche une capacité de 28 kW.
Récemment encore, elle s’est engagée à installer 10 mini-grids conteneurisés dans les zones rurales en Zambie. Ce projet a déjà fait l’objet d’un accord avec les autorités zambiennes. Elle déploie également cette solution en Tanzanie. L’objectif d’Engie est de fournir l’accès à l’électricité à 2,5 millions de personnes en déployant 2 000 mini-grids conteneurisés.
Le groupe Engie n’en est pas à son premier coup d’essai dans le sous-secteur des kits solaires à domicile avec l’acquisition de Mobisol. En Afrique de l’est, 70 000 personnes bénéficient des kits solaires à domicile fournis par sa filiale Fenix international. Par ailleurs, il y a quelques jours de cela, le fonds d’investissement du géant français, Engie rassembleurs d’énergies, a aussi participé à la levée de fonds de l’entreprise britannique Bboxx. De quoi donner le tournis à ses concurrents…
Engie, face au défi de la rentabilisation de ses investissements en Afrique
Mais les acquisitions tous azimuts d’Engie devront encore prouver, dans les années à venir, que le modèle est capable de dégager une rentabilité.
Avec près de 3 gigawatts de capacité de production électrique installés ou en cours d’installation sur le continent, Engie Afrique n’a réalisé en 2018 que 200 millions d’euros de chiffre d’affaires (sur un total de 60,6 milliards pour le groupe) dont l’essentiel est constitué par les services énergétiques et la production centralisée d’électricité (thermique ou renouvelable).
Malgré ces chiffres encore timides, Isabelle Kocher fait de l’Afrique un enjeu stratégique majeur. Un pari qui se fonde sur : la réalité de la demande, qui se traduit par 600 millions de personnes n’ayant pas accès à l’énergie, soit la moitié du 1 281 milliards d’habitants du continent ; la croissance démographique attendue qui va porter le nombre d’habitants à 2,5 milliards d’ici 2050, c’est-à-dire demain ; la baisse structurelle du coût de production des énergies renouvelables qui permettra de tirer parti des gigantesques ressources naturelles de l’Afrique ; et la capacité d’Engie Afrique à développer (en coopération avec ses partenaires locaux) les bons modèles de production et de distribution décentralisées de l’électricité.
Jean Marie Takouleu et Boris Ngounou