AFRIQUE : être écolo aujourd’hui, un luxe ?

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AFRIQUE : Être écolo aujourd’hui, un luxe ?©A1.VIEWS/Shutterstock

Au moment où de nombreux pays préparent des plans de relance économique post covid-19, l’ONU préconise des investissements sobres en carbone et l’adoption de comportements écoresponsables. Mais en Afrique, où le PIB moyen par habitant et par an est près de 11 fois inférieur au prix d’une voiture électrique, vivre écologiquement ne sera pas évident pour une bonne partie de la population. Même s’il faut nuancer le constat, selon qu’on se trouve en ville ou en zone rurale.

Actuellement le coût d’une voiture électrique neuve varie entre 20 000 et 90 000 euros sur le marché européen où s’approvisionnent le plus souvent les pays africains. Mais avec un PIB annuel par Africain qui se situe à 4 890 euros selon la Banque Mondiale, soit près de 11 fois inférieur au prix moyen d’une voiture électrique, le continent est encore très loin du jour où ce moyen de transport sobre en carbone aura droit de cité. Il en est de même pour plusieurs autres aspects de l’écoresponsabilité.

Manger bio, s’habiller en matières biodégradables ou recyclées et doter sa maison d’un système solaire domestique ne sont pas encore les choses les mieux partagées dans les villes africaines. Difficile d’accès pour les populations démunies, les produits estampillés « écologiques » tel que les emballages biodégradables, les jus naturels et même l’électroménager moins énergivore coûtent généralement 15 à 20 % plus cher que les produits de l’industrie polluante, selon le Biocivam. Du coup, choisir ce qu’il y a de mieux en matière de réduction de la facture énergétique et d’usage des ressources est en effet difficile pour les citadins d’Afrique que la Banque Mondiale estimait en 2009 à quelques 400 millions d’individus dont plus de 62 % vivraient dans des bidonvilles, faute de moyens financiers.

La zone rurale offre de meilleures perspectives vertes

L’adoption d’un mode de vie sobre en carbone et respectueux de l’environnement est relativement aisée dans les zones rurales africaines où l’essentielle de la population pratique l’agriculture de subsistance. Ayant pour la plupart recours à des techniques rudimentaires telles que la jachère, les paysans s’alimentent à base de leurs propres récoltes contrairement aux citadins qui doivent recourir à la production industrielle et à son corolaire d’intrants chimiques. Les produits agroalimentaires sont conditionnés pour la plupart dans du plastique, qui finit en déchet polluant.

La zone rurale du fait de son faible taux d’électrification – près de 25 % selon la Banque africaine de développement (BAD) – bénéficie de politiques d’accès aux énergies renouvelables. Des partenaires au développement, et même des entreprises qui parient sur la croissance de ce marché, y proposent donc des systèmes solaires domestiques constitués de générateurs photovoltaïques, de régulateurs de tension, de piles ou batteries, de lampes à incandescence, de postes radio et de téléviseurs. Des équipements payables en tranches, qui permettent aux ruraux d’accéder à une énergie propre et bon marché.

Ainsi l’encrage des pratiques écologiques demeure disparate en Afrique. Toutefois être écolo pourrait cesser d’être un luxe pour les citadins, si des politiques publiques en faveur de la réduction des coûts de produits biologiques et d’équipements écologiques étaient davantage appliquées. Cette population pourrait également adopter des régimes alimentaires faibles en viande, car selon la FAO, l’élevage mondialisé (et majoritairement industriel) représente 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre lié aux activités humaines, soit plus que celles des transports. Une idée de bonne résolution pour 2021 ?

Boris Ngounou

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