L’Organisation internationale de police criminelle (Interpol) remporte une nouvelle bataille contre la criminalité et le trafic d’espèces sauvages, de l’Afrique vers l’Asie. Le bilan provisoire des saisis est inquiétant. L’on dénombre 1 202 pièces d’ivoire pesant plus de quatre tonnes, 423 kg d’écailles de pangolins, 50 cornes de rhinocéros pesant 72 kg, 46 kg de vessies de totoaba (un grand poisson argenté très prisé dans la médecine chinoise pour sa vessie natatoire), plus de 3 785 pièces et 52 kg de mollusques, 42 dents de requin, 33 coraux rouges, plus de 120 oiseaux, et 1336 autres espèces protégées par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites).
Ces saisies ont été effectuées dans le cadre d’une opération baptisée « Golden Strike », menée en novembre et décembre 2021 par Interpol, en partenariat avec 23 pays dont 13 situés en Afrique (le Botswana, le Cameroun, la République centrafricaine, la RD Congo, le Gabon, le Kenya, Madagascar, le Malawi, le Nigeria, l’Afrique du Sud, la Tanzanie, l’Ouganda, et le Zimbabwe). L’opération financée par la Chine ne visait que le trafic de l’Afrique vers l’Asie, d’espèces sauvages protégées par le Cites. « Des réponses fortes et coordonnées telles que l’opération Golden Strike sont nécessaires pour lutter contre les activités des groupes criminels organisés transnationaux impliqués dans la criminalité liée aux espèces sauvages et pour perturber les chaînes de commerce illégal dans les États de l’aire de répartition, de transit et de destination,» explique Ilana de Wild, la directrice de la criminalité organisée et émergente d’Interpol.
Des arrestations et poursuites judiciaires
Dans le cadre de la même opération, la coopération policière internationale entre l’Afrique du Sud et la Malaisie a vu l’arrestation et la poursuite de deux suspects faisant la contrebande de 45 kg de cornes de rhinocéros entre les deux continents. Et selon Interpol, d’autres arrestations et poursuites judiciaires sont prévues à mesure que les enquêtes transnationales en cours progressent dans le monde.
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La criminalité liée aux espèces sauvages n’étant pas confinée à un territoire national, Interpol adopte la nécessité d’agir suivant une approche internationale. En 2015, l’une de ses opérations, baptisée « Worthy II », ciblant le trafic d’ivoire en Afrique, a permis de procéder à 376 arrestations et à la saisie de 4,5 tonnes d’ivoire et de cornes de rhinocéros.
Quatrième commerce illégal au monde selon Interpol, le commerce illicite d’espèces sauvages est estimé à 20 milliards de dollars par an, par l’étude intitulé « The Rise of Environmental Crime », co-publiée en 2016 par Interpol et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).
Boris Ngounou