D’ici à 2030, le capital de la Banque africaine de développement (BAD) passera de 93 à 208 milliards de dollars. Ainsi en ont décidé les 80 États actionnaires de la banque, réunis à Abidjan en Côte d’Ivoire le 31 octobre 2019. À la suite de cette augmentation de capital historique, la plus importante qu’ait connue la BAD depuis sa création en 1964, son président, qui revendique le rôle moteur de la banque de développement africaine dans l’électrification de l’Afrique et le financement des énergies renouvelables, confirme que ces nouvelles ressources seront essentiellement investies dans les projets d’électrification à partir de sources d’énergies renouvelables en Afrique.
« Cette augmentation de capital est un formidable vote de confiance de la part de nos actionnaires. La BAD qui est déjà leader en matière d’investissements dans les énergies renouvelables va continuer à investir dans ce secteur. Nous croyons que l’avenir de l’Afrique se situe dans les énergies renouvelables », a déclaré le Nigérian Akinwumi Adesina, le président de la BAD qui s’exprimait ainsi à l’issue de la deuxième édition de l’Africa Investment Forum (AIF) organisée sous l’égide de sa banque à Johannesburg en Afrique du Sud, du 11 au 13 novembre 2019.
La BAD entend notamment poursuivre ses investissements dans des projets d’électrification d’envergure, tels que le projet « Desert to Power ». C’est un projet qui vise à fournir de l’énergie à 250 millions de personnes dans les 11 pays de la bande sahélienne, faisant de cette région la plus grande zone de production d’énergie solaire au monde avec 10 000 mégawatts (MW) de capacité.
Ce projet qui nécessite un investissement d’environ 20 milliards de dollars sera complémentaire avec le programme de lutte contre la désertification du Sahel « Great Green Wall » (8 000 km de muraille verte), lancé en 2013 par la BAD avec le soutien de la Banque mondiale. « Dans cette région où les populations ont très peu accès à l’électricité et où des millions d’arbres ont été plantés, si l’accès à l’électricité n’est pas garanti, les arbres seront coupés et le “Great Green wall” pourrait devenir un “grand mur de charbon”. Le projet “Desert to Power” a un rôle clef à jouer pour protéger cette “muraille verte”. C’est pourquoi il faut le faire vite » a expliqué le président de la BAD.
Ces investissements supplémentaires de la BAD pourront inverser la tendance en Afrique. Alors qu’ici environ 600 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité, seuls 17 % des financements mondiaux consacrés à l’électricité ont été alloués au continent entre 2015 et 2016, ce qui représente une baisse de 32 % par rapport à la période 2013-2014. La deuxième édition du rapport « Energizing finance : understanding the landscape », publiée le 12 novembre 2018, note en outre, que les financements destinés aux énergies renouvelables à grande échelle, raccordées aux réseaux, ont baissé de 2 milliards de dollars en Afrique subsaharienne entre 2013 et 2016.
Boris Ngounou