La Banque africaine de développement (BAD) a annoncé son intention d’investir 500 millions de dollars pour financer l’installation des services d’assainissement inclusifs dans les villes d’Afrique subsaharienne. Elle réalisera ce programme ambitieux en partenariat avec la Fondation Gates.
La BAD veut contribuer au développement des villes subsahariennes. Par le truchement du programme du Fonds d’investissement pour l’assainissement urbain en Afrique, l’institution va débloquer un demi-milliard de dollars pour financer des projets d’assainissement dans des villes de cette partie de l’Afrique. Elle travaillera en partenariat avec la Fondation Bill et Melinda Gates. Cette dernière s’est engagée à verser 14,5 millions de dollars pour ce projet. Sa contribution servira à subventionner la conception et la structuration du fonds et à soutenir le développement dans les prémices du projet. Pour Wambui Gichuri, directeur du Département du développement de l’eau et de l’assainissement de la Banque, cette initiative doit « aborder la question de l’assainissement de manière globale, en veillant à ce que les pauvres soient pris en charge de manière globale. » Cette vision qui se veut totale présente plusieurs avantages : les déchets humains seront gérés en toute sécurité le long de la chaine de services d’assainissement, ces déchets seront exploités de manière à ce qu’ils puissent être recyclés et réutilisés. L’autre avantage réside dans le fait que les populations bénéficieront des retombées de ce programme de façon équitable.
Le programme d’assainissement urbain de la Facilité africaine de l’eau (2018-2022) a été lancé en 2011. Son principal objectif est de collecter et de créer un fonds africain d’investissement pour l’assainissement urbain. La BAD indique que 30 % de ses ressources seront dédiées aux communautés pauvres.
Les eaux usées et les boues fécales, une plaie négligée en Afrique
Près de 90 % des eaux usées des pays en voie de développement sont rejetées sans traitement dans l’environnement, une situation qui est la cause de nombreuses maladies et même de décès : 1000 enfants de moins de cinq ans meurent chaque jour dans le monde à cause de ce problème d’assainissement. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 23 % des décès des bébés nés prématurément sont attribuables à des causes environnementales (dont le manque d’assainissement). En 2012, la Banque mondiale a fait remarquer que le manque d’assainissement coûtait à une vingtaine de pays africains 1 à 2,5 % de leur PIB annuel, soit environ 4,7 milliards de dollars. 30 % des subsahariens avaient accès à l’assainissement en 2010, mais ce pourcentage ne s’est pas beaucoup amélioré entre temps. La croissance exponentielle des populations africaines et surtout l’attrait que présentent les villes sont deux facteurs qui compliquent l’organisation des services d’assainissement. L’agenda institutionnel des États reste saturé par les questions d’ordre sécuritaire, éducatif… tandis que les questions liées à l’assainissement tardent parfois à s’inscrire comme une priorité pour les dirigeants. Mais des exemples comme le Maroc ou la Tunisie, qui tirent le marché de l’assainissement, laissent penser que d’autres pays pourraient choisir la voie de l’émergence qui passe impérativement par l’assainissement des eaux usées et la gestion des déchets.
Luchelle Feukeng