La Banque africaine de développement a mis sur pied un programme ad hoc de financement contre les risques de catastrophe en Afrique. Intitulé Adrifi, c’est le tout premier programme consacré à la gestion des risques climatiques, que la banque met en place, pour renforcer les capacités de 54 pays africains dans la lutte contre les effets du changement climatique.
La Banque africaine de développement (BAD) a donné son feu vert le 26 octobre 2018 au lancement d’Adrifi, Africa Disaster Risks Financing. Ce programme permettra aux pays, membres régionaux de la banque, de prévenir et de mieux réagir aux catastrophes, de revisiter les mesures d’adaptation prise à l’échelle nationale et sous nationale pour protéger l’environnement et il renforcera enfin leurs capacités en matière d’évaluation des risques et des dépenses liées au changement climatique. Adrifi aura également comme objectif de faciliter l’obtention de financements en faveur des pays qui ont besoin d’aide dans ce secteur. Pour Atsuko Toda, directrice du Financement agricole et du Développement rural à la BAD, « Ce programme constitue une étape importante pour réduire l’exposition et la vulnérabilité des pays africains. Il va créer un dispositif leur permettant d’amortir les chocs climatiques, de s’y adapter et de s’en remettre. » La première phase du programme se déroulera entre 2019 et 2023. À peine lancé, neuf pays ont déjà signalé leur intérêt pour le programme. Il s’agit du Burkina Faso, Madagascar, la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Sénégal, le Tchad, le Malawi et la Gambie. Adrifi s’inscrit dans le second plan d’action pour les changements climatiques (2016-2020) de la BAD. Son coût estimatif s’élève à 3 millions de dollars.
Sur le terrain, le programme facilitera la création des dispositifs d’intervention en cas de catastrophe. Des estimations de la banque montrent que cette démarche préventive permettra de faire des économies. En clair, « chaque dollar dépensé pour les interventions réalisées dans le cadre de ce programme permettra d’économiser 4,40 dollars en mesure de secours post sinistres, déployés six mois après la catastrophe », comme le précise la BAD.
Les défis de la finance climatique en Afrique
Les effets du changement climatique en Afrique sont légion. Selon une étude réalisée par le Centre d’études stratégiques d’Afrique, à l’horizon 2050 « les captures de poisson au large de l’Afrique de l’Ouest devraient chuter de 50 % à cause de la hausse des températures océaniques. » Le même document souligne que l’Afrique australe connait la pire sècheresse depuis 50 ans et que la récolte de maïs au Zimbabwe a diminué de 35 % en 2015. Depuis 1992, 82 % de la calotte glaciaire du mont Kilimandjaro a disparu, entrainant l’assèchent de plusieurs territoires à la base de la montagne. Ces données et bien d’autres font de l’Afrique le continent le plus vulnérable aux changements climatiques. Pourtant, constate Atsuko Toda, « la gestion des risques de catastrophe pâtit d’un financement insuffisant et de difficultés dans l’utilisation des fonds disponibles ».
Luchelle Feukeng