« L’Afrique ne peut avoir une société saine sans un accès adéquat à l’eau potable, à l’assainissement et à l’hygiène ». C’est la préconisation faite il y’a quelques années par la Banque africaine de développement (BAD), le Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue) et Grid-Arendal. Pour aider le continent à trouver une issue à cette problématique, les trois entités décident de réunir dans un document des solutions pratiques. L’objectif est l’amélioration de la gestion des eaux usées et la fourniture des services d’assainissement, permettant ainsi de préserver la santé des populations et d’assurer la durabilité des ressources naturelles de l’Afrique.
« L’Atlas de l’assainissement et des eaux usées de l’Afrique » est finalement présenté à la communauté africaine le 2 février 2021. La publication évalue les progrès de l’Afrique vers la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) et d’autres aspirations, notamment l’Agenda 2063 de l’Afrique et la Vision africaine de l’eau 2025 à travers des cartes, des graphiques et des profils de tous les pays africains, y compris des analyses de leurs ressources en eau et de la fourniture de services de base. L’Atlas explore également les approches d’économie circulaire qui peuvent conduire à la mise en place de meilleures infrastructures. « Nous exhortons aussi les gouvernements africains à intégrer les programmes d’assainissement dans leur planification stratégique post-Covid-19 », souligne la BAD.
L’accès à des installations sanitaires de base et à une hygiène améliorée peut notamment empêcher la propagation des pathologies telles que les maladies tropicales négligées et réduire la gravité de l’impact de conditions telles que la malnutrition et la diarrhée. « Au Nigeria, la diarrhée provoque chaque année le décès de plus de 70 000 enfants de moins de cinq ans », indique l’Unicef.
État de l’assainissement en Afrique subsaharienne
« L’Atlas de l’assainissement et des eaux usées de l’Afrique » révèle que plus de la moitié de la population de 34 des 38 pays d’Afrique subsaharienne n’a pas accès à des installations sanitaires de base pour se laver les mains. Et au moins 32 % de la population pratique encore la défécation à l’air libre. L’Éthiopie fait partir des pays les moins avancés dans le domaine avec à peine 6,3 % des ménages qui ont accès à des installations sanitaires améliorées, selon un rapport 2018 du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef). Avec 36 %, le Mozambique a l’un des taux de défécation en plein air les plus élevés d’Afrique subsaharienne et 76 % de sa population ne dispose pas d’installations sanitaires améliorées, d’après la même source.
Par contre la situation est nettement meilleure au Sénégal. Dans le pays d’Afrique de l’Ouest, 67,4 % de la population urbaine et 42,3 % de la population rurale a accès à l’assainissement, affirmait El Hadji Abdourahmane Ndione dans une tribune signé sur AFRIK 21 en novembre 2020. À en croire le directeur général de l’Association sénégalaise de normalisation (ASN), le Sénégal a atteint ce niveau grâce aux normes ISO 30500, ISO 24521 et ISO 31800. « L’ISO 30500 établit des spécifications pour les nouvelles toilettes domestiques qui traitent les déchets sur place, et ISO 24521 quant à elle propose des recommandations pour améliorer la qualité des services et la gestion en toute sécurité des services d’assainissement. La norme ISO 31800, elle, spécifie les exigences permettant de garantir les performances, la sécurité, l’exploitabilité et la facilité d’entretien des unités de traitement de boues de vidange », précise El Hadji Abdourahmane Ndione. Toutes ces normes visent à apporter les exigences nécessaires relatives à la qualité et à la sécurité des infrastructures et des systèmes d’assainissement.
Par ailleurs, au cours des 10 dernières années, la BAD a investi plus de 6 milliards de dollars dans l’amélioration de l’assainissement et de l’hygiène en Afrique subsaharienne. L’institution financière panafricaine s’accordent avec le Pnue et Grid-Arendal pour rappeler que beaucoup reste à faire. Ces derniers soulignent que les institutions de financement du développement, les gouvernements et d’autres sources doivent s’appuyer sur « L’Atlas de l’assainissement et des eaux usées en Afrique » pour fournir des financements bien plus importants et stratégiques.
Inès Magoum