La Banque africaine de développement (BAD) multiplie des démarches pour un renforcement de la finance climatique en Afrique. Après avoir estimé à 1600 milliards de dollars, les besoins financiers de l’Afrique pour faire face aux effets du changement climatique d’ici à 2030, la BAD invite le Fonds monétaire international (FMI), à accorder au continent, un nouveau type de droit de tirages spéciaux (DTS) destiné à la résilience climatique.
Lors d’une réunion des ministres africains des Finances et des chefs des banques centrales, tenue le 6 juillet 2022 à Marrakech, au Maroc, la Banque africaine de développement (BAD) a axé son plaidoyer sur la finance climatique en Afrique. Le créancier du développement en Afrique a exprimé le veux d’obtenir du Fonds monétaire international (FMI) un nouveau type de droits de tirage spéciaux (DTS) qui seraient canalisés vers la résilience climatique en Afrique.
Les DTS sont des avoirs de réserve internationaux créés en 1969 par le FMI afin de compléter les réserves de change de ses pays membres. Il ne s’agit pas d’une monnaie, mais plutôt d’une ligne budgétaire dans la balance des paiements des pays membres du FMI (190 actuellement, Ndlr), qu’ils peuvent échanger contre des devises. En vertu de ses statuts, le FMI peut, sous certaines conditions et avec l’accord de 85 % des voix du conseil des gouverneurs, effectuer une allocation générale de DTS.
« Réparer l’Afrique, c’est réparer le monde »
La BAD a été représentée à la réunion de Marrakech par son vice-président Kevin Urama, qui déplore le fait que seulement 5 % des DTS bénéficie aux pays africains. «Je n’appelle pas à l’aide, je n’appelle pas à des subventions ou à une faveur pour l’Afrique, j’appelle la communauté mondiale à réaliser que réparer l’Afrique, c’est réparer le monde », déclare Kevin Urama.
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Dans son rapport sur les perspectives économiques africaines en 2022, la BAD indique que l’Afrique a besoin de 1300 à 1600 milliards de dollars de financement entre 2022 et 2030 pour faire face de manière efficace au changement climatique. Dans cette estimation, 715 milliards dollars sont nécessaires pour l’atténuation des effets du changement climatique, 1,3 milliard dollars pour les besoins techniques et technologiques, entre 289 et 440 milliards dollars pour les pertes et préjudices alors qu’entre 259 et 407 milliards dollars seront nécessaires pour financer l’adaptation climatique. Et sur ce dernier point, c’est l’Afrique de l’Est qui enregistre le coût estimatif d’adaptation le plus élevé, soit 143 milliards dollars.
Boris Ngounou