Deux chercheurs du CCR (Centre commun de recherche) de l’Union européenne (UE) basé à Bruxelles en Belgique, apportent des éléments nouveaux sur les conséquences du changement climatique sur la biodiversité. Giovanni Strona et Corey J. A. Bradshaw font part de ces nouveaux éléments dans une étude publiée le 8 janvier 2023. Revoyant à la hausse les estimations concernant le déclin de la biodiversité, entraînée notamment par le réchauffement climatique, les deux chercheurs indiquent que la diversité animale terrestre diminuera de 10 % d’ici à 2050 et de 27 % d’ici à 2100, soit le double de ce qu’on prédisait jusqu’à maintenant.
Les scientifiques ont obtenu ces chiffres à partir de simulations réalisées à l’aide de superordinateurs. Leur rôle était de recréer une planète virtuelle en prenant en compte le plus grand nombre possible de paramètres, comme l’évolution des températures, de l’atmosphère, des océans, et de différents biomes à partir des prévisions climatiques actuelles et celles concernant la dégradation des sols. « Bien que la théorie identifie les coextinctions comme le principal moteur de la perte de biodiversité, leur rôle à l’échelle planétaire n’a pas encore été estimé. Nous avons soumis un modèle global de réseaux trophiques de vertébrés terrestres interconnectés aux changements climatiques et d’utilisation des terres futures (2020-2100) », expliquent-ils.
Les carnivores et les omnivores sont les plus exposés
L’étude précise que le déclin de la biodiversité animale sous l’effet du réchauffement climatique sera plus accentué au sommet de la chaine alimentaire, où se trouvent les carnivores et les omnivores. Des félins tels que le lion ou le loup seront ainsi menacés, bien que se nourrissant d’herbivores, ils empêchent à ces dernières de proliférer et donc de détruire la végétation.
Sur le plan spatial, les grandes pertes de la faune sauvage devraient se localiser notamment dans « les points chauds », c’est-à-dire les milieux les plus riches en biodiversité. L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) dénombre aujourd’hui 36 points chauds, parmi lesquels la région floristique du Cap en Afrique du Sud, le sud-ouest de l’Australie, ou l’île de Madagascar, la Corne de l’Afrique, les montagnes d’Afrique orientale et d’Arabie, la forêt guinéenne de l’Ouest africain (de la Guinée au Cameroun, Ndlr) ou encore les forêts côtières d’Afrique orientale, la bande côtière entre la Somalie et le Mozambique.
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Dans son sixième rapport d’évaluation sur le changement climatique, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat des Nations unies (Giec) indique que le réchauffement climatique pourrait provoquer la disparition de plus de la moitié des espèces d’oiseaux et de mammifères d’Afrique d’ici à 2100. Pour éviter cette catastrophe « la sixième extinction de masse » « une gestion plus intensive des parcs et la suppression des clôtures qui empêchent les espèces de migrer vers des zones moins sujettes à la sécheresse sont des premières mesures importantes pour protéger la faune » préconise Philip Wandera, enseignant-chercheur à l’Université catholique d’Afrique de l’Est au .Kenya.
Lors de la quinzième Conférence des parties (COP15) contre la désertification qui s’est achevée le 20 mai 2022 à Abidjan en Côte d’Ivoire, les États africains ont pris l‘engagement de restaurer 1 milliard d’hectares de terres dégradées d’ici à 2030. Le but est d’inverser le déclin de la biodiversité provoqué par le changement climatique.
Boris Ngounou