Les organisations non gouvernementales (ONG) Bloom et Anticor font des révélations sur le secteur de la pêche thonière en Afrique. Après avoir mis en exergue l’irrégularité d’un cas de transfuge entre le public et le privé français de la pêche thonière, les deux organisations relèvent les impacts écologiques de cette manœuvre sur les ressources halieutiques d’Afrique.
La France pourrait permettre à ses navires de piller les eaux africaines. C’est du moins ce que laisse comprendre un communiqué publié le 14 novembre 2022, par Bloom, une organisation française de protection des océans, et Anticor, une association française de lutte contre la corruption.
La France appelle les députés du Parlement européen à adopter des amendements augmentant de façon exponentielle la tolérance pour les captures non règlementaires de ses navires dans les eaux africaines. La négociation finale de cette demande est prévue à Bruxelles (potentiellement le 22 novembre, sinon en fin d’année 2022). Pour Bloom et Anticor, si la France obtient comme prévu l’augmentation de la marge de tolérance sur les captures déclarées, elle pourra faire d’une pierre deux coups. Elle sera en mesure de tuer dans l’œuf la procédure judiciaire initiée à son encontre par la Commission européenne le 9 juin 2021 pour sa complaisance face aux navires français. Et d’autre part, elle pourra légitimer des années d’abus tout en institutionnalisant la destruction des écosystèmes marins d’Afrique.
Collusion entre l’État et le lobby de la pêche thonière
Dans leur communiqué conjoint, Bloom et Anticor présentent l’origine de ce soutien affiché que l’État français accorde au lobby de la pêche thonière. Elles indiquent que la personne responsable au sein de l’administration de négocier pour les flottes de pêche industrielles françaises l’accès aux ressources thonières d’Afrique a été recrutée par le plus gros lobby de la pêche thonière en France, Orthongel, membre du lobby industriel européen Europeche. Un recrutement qui s’est fait sans respect du délai de trois ans prévu par la loi.
« Ce cas de transfuge (une personne qui renie un groupe ou une cause, et passe dans le camp de l’ennemi, Ndlr) qui pourrait tomber sous le coup du délit de prise illégale d’intérêts prévu à l’article 432-13 du Code pénal français, contrevient aux règles éthiques les plus élémentaires consistant à ne pas exercer au sein du secteur privé d’activités en lien avec de précédentes fonctions au sein de l’administration publique. », lit-on dans le communiqué.
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L’affaire révélée par Bloom et Anticor intervienenent au moment où il se négocie au niveau européen, un cadre global de contrôle des flottes de pêche. Le lobby thonier, armé d’anciens fonctionnaires, est ainsi à deux doigts d’obtenir une tolérance sur les déclarations de captures permettant aux navires de capturer dans certains cas jusqu’à près de 50% de poissons en plus.
Boris Ngounou