Longtemps considéré comme le sanctuaire des éléphants en Afrique, le Botswana cherche aujourd’hui à réduire sa population pachyderme. Les animaux qui voient leur territoire se réduire progressivement sont en outre pourchassés par les agriculteurs, accusés de destruction des plantations. Le problème est tel que la question des éléphants est désormais au cœur des campagnes électorales, les politiciens n’hésitant plus à proposer purement et simplement l’abatage des pachydermes.
Mais la solution pourrait se trouver ailleurs, notamment la migration de ces animaux vers d’autres contrées sauvages. Les autorités botswanaises envisagent très sérieusement cette option. Elles ont d’ailleurs lancé une initiative avec le gouvernement angolais visant à créer des passages pour permettre aux éléphants de se déplacer du nord du Botswana vers le sud de l’Angola. Il s’agit en réalité d’une ancienne route migratoire que les éléphants empruntaient jadis, pour échapper aux rudes saisons sèches du nord du Botswana et passer cette période dans les végétations luxuriantes du sud-est de l’Angola.
Le déminage du couloir migratoire
Mais la guerre civile qu’a connue l’Angola entre 1991 et 2002 a réduit le mouvement des pachydermes et d’autres animaux sauvages, contraints de se cantonner au Botswana et dans d’autres pays voisins. Selon les autorités angolaises, avant cette guerre civile, l’Angola avait une population d’éléphants de 100 000 individus. Aujourd’hui, le pays n’en compte que 10 000. Si le calme est depuis revenu dans les réserves angolaises, les éléphants rechignent encore à retourner en Angola et leur couloir migratoire est toujours parsemé de mines posées lors de la guerre civile.
C’est la raison pour laquelle les autorités angolaises et botswanaises s’attellent aujourd’hui au déminage du couloir migratoire des pachydermes. Par ailleurs, le gouvernement angolais a déjà alloué 60 millions de dollars au déminage dans le sud du pays. Mais il faudra plus de fonds pour faciliter la migration du plus gros mammifère terrestre.
Le financement de l’aménagement des couloirs migratoires
Selon les autorités des deux pays, des fonds supplémentaires sont nécessaires pour éliminer les obstacles au déplacement des éléphants, notamment le démontage des clôtures pour le bétail, la protection des couloirs de migration et l’éducation des communautés locales. « L’Angola doit se préparer à la migration et au repeuplement prévus des éléphants et d’autres animaux sauvages dans le pays », affirme Tamar Ron, un écologiste et consultant en biodiversité auprès du gouvernement angolais.
« Le sud de l’Angola offre un habitat de premier choix aux éléphants et, si les conditions sont sûres pour les éléphants, ils reviendront en Angola en grand nombre. Il est naturel pour les éléphants de quitter les zones où le nombre d’éléphants est élevé et de chercher des zones où il y a moins d’éléphants pour avoir accès à de la nourriture et de l’eau sans encombre », renchérit Mike Chase, le fondateur d’Elephants Without Borders, une organisation qui œuvre pour la recherche sur les éléphants.
Une solution de déconfinement pour les éléphants
La solution migratoire préconisée par les gouvernements angolais et botswanais devrait déconfiner les 135 000 éléphants du Botswana qui vivent en grande majorité dans un espace de 520 000 km2, dans la Zone de conservation transfrontalière Kavango-Zambezi (Kaza). Elle est située dans une région des cinq frontières en Afrique australe. La Kaza comprend la majeure partie du bassin supérieur du Zambèze ainsi que le bassin et le delta de l’Okavango. La zone inclut la bande de Caprivi, en Namibie, l’extrémité sud-est de l’Angola, le sud-ouest de la Zambie, les terres sauvages du nord du Botswana et l’ouest du Zimbabwe.
Jean Marie Takouleu