Dans un rapport publié récemment, le constructeur automobile américain General Motors (GM) et le groupe de réflexion britannique Oxford Business Group (OBG) démontrent la nécessité d’accélérer la mobilité électrique en Afrique au moment où le continent paye les frais du dérèglement climatique. Seulement, cette transition qui vise la décarbonation des systèmes de transports se heurte à plusieurs défis liés en partie à l’absence de financement.
« Se préparer pour la transition automobile verte en Afrique et au Moyen-Orient », c’est le titre du rapport produit conjointement par le constructeur automobile américain General Motors et Oxford Business Group (OBG), un groupe de réflexion basé à Londres au Royaume-Uni et représenté dans plus de 30 pays à travers la planète. Dans ce document, les contributeurs explorent le rôle que pourrait jouer les véhicules électriques dans la réduction des émissions de dioxyde de carbone (CO2) qui accentuent le réchauffement climatique.
Pour le PDG de General Motors en Afrique et au Moyen-Orient, l’un des rédacteurs de ce rapport, les activités de recherche et développement (R&D) sont essentielles à la mise en place des technologies dans les véhicules électriques afin de limiter la congestion du trafic à l’origine de la pollution atmosphérique chez 1,4 milliard d’Africains, soit 18 % de la population planétaire selon une estimation de la Banque mondiale. « Aux Émirats Arabes unis (EAU) nous réduirons nos émissions de CO₂ de plus de 24 000 tonnes métriques avant 2035. Par la suite, nous prévoyons de rendre tous nos produits et opérations mondiaux neutres en carbone d’ici à 2040, particulièrement en Afrique », annonce Al Shurafa.
Décarboner le système des transports
À en croire l’Agence internationale de l’énergie (AIE) basée à Paris en France, environ 30 millions de véhicules électriques circuleront à l’échelle mondiale d’ici à 2030, soit 5 000 milliards de dollars d’économies. Si cela représente une belle affaire pour les constructeurs et équipementiers automobiles, l’accès aux stations de recharge couplée à l’autonomie des batteries électriques et leur durée de vie restent tout de même un sujet de préoccupation pour les conducteurs.
« Réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le secteur du transport est un défi majeur dans la lutte contre le réchauffement climatique et pour la préservation de la qualité de l’air de nos villes. Le véhicule électrique est le signe du progrès avec notamment le développement des énergies renouvelables, l’optimisation énergétique et le confort des usagers de la route », explique Yannick Duport, le directeur de la mobilité électrique au sein du Groupe Électricité de France (EDF). C’est également dans cette perspective du « tout électrique » que le continent africain a pris le train en marche au cours de ces dernières années.
L’Afrique en marche vers la mobilité durable
Cette transition, quoique coûteuse financièrement, est déjà entamée au Kenya où de nombreuses d’initiatives en faveur du transport bas carbone sont en gestation. C’est le cas de l’entreprise d’assemblage de bus électriques BasiGo qui six ans seulement après son lancement vient de décrocher le prix « Keeling Curve » de l’innovation climatique décerné par le Projet d’atténuation du réchauffement climatique (GWMP). En Afrique de l’Est, BasiGo rivalise avec d’autres start-up à l’instar d’Ampersand qui revendique 400 motos électriques en circulation à Kigali au Rwanda, ou encore l’entreprise Zembo basée à Kampala avec 27 bornes d’échange de batteries pour les motos électriques.
Lire aussi-AFRIQUE DE L’OUEST : Persistent investit dans les véhicules électriques de SolarTaxi
Ces investissements dans la mobilité électrique soutiennent la mise en œuvre des contributions déterminées au niveau national (CDN) adoptées dans le cadre de l’Accord de Paris en 2015 par 193 pays y compris d’Afrique de l’Ouest. Le Togo et le Bénin par exemple s’appuient désormais sur la mobilité électrique pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Récemment, la Société financière internationale (SFI) a accordé un financement de 10 millions de dollars à Gozem, une start-up de mobilité opérant dans la sous-région. Ce crédit servira au déploiement d’une flotte de 6 000 motos électriques dans ces deux pays voisins d’ici à 2023.
Benoit-Ivan Wansi