L’Organisation des Nations unies (ONU) place beaucoup d’espoir dans la nouvelle Alliance mondiale pour l’économie circulaire et l’efficacité des ressources (Gacere). L’alliance, qui rassemble les gouvernements et les organisations internationales, a été initiée par la Commission européenne et le Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue), en coordination avec l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi).
L’objectif de la Gacere est d’encourager les initiatives liées à la transition vers l’économie circulaire, à l’efficacité des ressources, aux modes de consommation et de production durables et à l’industrialisation inclusive et durable. « La transition vers une économie circulaire, propre et économe en ressources est de plus en plus reconnue comme une nécessité pour faire face aux crises écologiques auxquelles le monde est confronté. L’économie circulaire offre des possibilités pour stimuler l’innovation et rendre la transition plus équitable en créant des emplois verts et en réduisant les impacts environnementaux », explique Virginijus Sinkevičius, le commissaire européen en charge de l’Environnement, des Océans et de la Pêche.
La participation des pays africains
Plusieurs pays africains, en avance sur les questions climatiques et environnementales ont déjà intégré la Gacere. C’est le cas du Rwanda et du Kenya. Les poids lourds du continent tels que l’Afrique du Sud et le Nigeria travailleront également avec la nouvelle alliance. La Gacere accompagnera ces pays membres vers l’adoption progressive d’une économie circulaire dans plusieurs secteurs en Afrique.
Au-delà de la gestion durable des déchets, l’économie circulaire intègre aussi l’électricité, l’agriculture, les infrastructures urbaines, ainsi que les transports, le plastique, les industries manufacturières et textiles, etc. Selon Requier Wait, chercheur principal à l’Institut d’études de sécurité (ISS) de Pretoria, l’économie circulaire doit être au cœur du processus de développement de l’Afrique. Compte tenu de la croissance démographique et de l’urbanisation rapide du continent, indique-t-il, les urbanistes doivent concevoir des systèmes permettant aux villes de devenir résilientes et économes en ressources.
« Les systèmes circulaires peuvent contribuer à réduire les volumes croissants de déchets dans les villes et à améliorer la gestion des déchets, avec des effets positifs sur l’environnement, sur la santé et sur l’économie urbaine. Notamment, la mise en place d’activités économiques de récupération des ressources, de réutilisation et de recyclage pourrait contribuer à créer des emplois pour les populations urbaines en pleine croissance », précise Requier Wait.
Des initiatives en faveur de l’économie circulaire
En Afrique du Nord où le stress hydrique est persistant, la réutilisation des eaux usées traitées est devenue une alternative, surtout pour le développement de l’agriculture irriguée indispensable dans les pays comme l’Égypte et le Maroc. Dans le pays des pharaons, les nouvelles stations d’épuration qui sortent de terre n’ont plus pour seul objectif l’assainissement. La construction de ces installations s’inscrit désormais dans une stratégie assez rigoureuse de préservation des ressources en eau.
Outre l’action des gouvernements en faveur de l’économie circulaire, des institutions financières telles que la Banque africaine de développement (BAD) accordent des financements et multiplient les initiatives en faveur de la durabilité. L’institution financière panafricaine basée à Abidjan (Côte d’Ivoire) a par exemple lancé l’Africa Circular Economy Facility (Acef). Il s’agit d’un fonds fiduciaire multi-donateurs de 4 millions d’euros destiné à soutenir l’adoption de pratiques circulaires dans les pays membres régionaux de la BAD. La nouvelle l’Alliance mondiale pour l’économie circulaire et l’efficacité des ressources devrait encourager la mise en place de mécanismes similaires.
Jean Marie Takouleu