En Afrique, la contribution des Etats pour atteindre les objectifs de Paris sur le climat (encore appelé COP21), qui est de limiter le réchauffement climatique à 2°C d’ici à 2100, bute très souvent sur le manque de financement. Selon la Banque africaine de développement (BAD), la part du continent dans le financement climatique mondial, se situait fin 2016 aux alentours de 3%. Une situation paradoxale, pour un continent où le changement climatique s’accompagne d’effets sans équivalent. Des études de l’ONU disent qu’à l’heure actuelle, quelques 240 millions d’africains souffrent déjà de la faim. D’ici 2050, il suffira d’une augmentation de 1,2 à 1,9 degré Celsius environ pour accroître de 25 à 95% le nombre d’africains sous-alimentés (+ 25% en Afrique centrale, + 50% en Afrique de l’Est, + 85% en Afrique australe et + 95% en Afrique de l’Ouest).
Voilà le contexte dans lequel est née l’Alliance financière africaine sur le changement climatique (en anglais, the African Financial Alliance on Climate Change, Afac). Cette structure de la Banque africaine de développement (BAD), mobilisera des capitaux privés en faveur d’un développement à faible émission de carbone et résiliant au climat à l’échelle du continent, dans quatre domaines clés : le partage des connaissances, les instruments, la divulgation et les risques et opportunités qui sont adaptés à l’écosystème africain. En outre, l’Afac aidera à positionner et à aligner les acteurs financiers africains en tant que parties prenantes clés dans l’architecture mondiale de financement de la lutte contre le changement climatique, en proposant des solutions et en attirant des capitaux pour les actions climatiques de l’Afrique qui appuient l’accord de Paris.
L’Afac, lancée lors de l’AIF 2018 A Johannesburg
Les principes directeurs ainsi que le comité de direction de l’AFAC ont été présentes dans le cadre du forum pour l’investissement en Afrique (AIF) du 7 au 9 novembre 2018, à Johannesburg (Afrique du Sud). Dans son allocution, Lord Nicholas Stern, Président du Comité directeur, a déclaré : « Cette Alliance est une initiative importante pour engager le secteur financier africain dans la lutte contre le changement climatique. L’AFAC constituera une base vitale pour la gouvernance, la stratégie et les mesures risque/rendement en matière de gouvernance et de climat en vue d’investissements à faible intensité de carbone et résilients au climat ».
Le lancement de l’Afac est consécutif à une réunion qu’avait organisée la BAD, en marge de son assemblée annuelle, du 21 au 25 mai 2018 en Corée du Sud. La jeune structure aura pour partenaires : les banques centrales, les compagnies d’assurance, les fonds souverains et les fonds de pension, les bourses de valeurs et les banques commerciales et de développement.
Boris Ngounou